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Nous sommes déjà dans "l’après-crise"...
14 avril 2020, par Patrick Cotrel - #Au fil des jours - #Développement DurableDepuis le début du mandat présidentiel, le gouvernement a développé une politique antisociale (précarisation des contrats de travail, réduction des moyens financiers aux services publics, réduction de l’APL, des indemnités chômage, réforme des retraites, …), qui a augmenté les inégalités (suppression de l’ISF, …) au profit des « premiers de cordée ».
Cela a entraîné plusieurs conflits sociaux majeurs : Gilets jaunes, retraites, hôpitaux…
Ces conflits n’ont pas été victorieux, mais il s’en est suivi une ambiance de mécontentement latent et de défiance par rapport au gouvernement et au Président.La crise sanitaire : un révélateur social ?
Dès le début, la crise sanitaire a mis en évidence le problème des capacités d’accueil des hôpitaux qui avaient été dénoncés par le mouvement de lutte des soignants (en particulier des Urgences).
Conscient de ce profond malaise, le gouvernement a mis en place un plan de financement massif (en particulier par le chômage partiel – méthode déjà expérimenté avec succès par l’Allemagne après la crise financière de 2008), afin de protéger les emplois et les entreprises. Et il a été obligé de promettre la mise en place, après la crise sanitaire, d’une remise à flot du financement des hôpitaux, et peut-être même des autres services publics.
Mais le financement, très positif, du chômage partiel pour les salariés a, en creux, mis en évidence la situation très alarmante de tous ceux qui ont un statu plus ou moins précaire.
Sous la pression des syndicats, le gouvernement a reporté à septembre le nouveau barème d’indemnisation du chômage qui sanctionne durement les chômeurs qui acceptent des ’petits boulots’ de quelques heures ou quelques jours dans le mois (intérimaires, CDD très courts, …, qui se retrouvent sans rien). Mais pourquoi ce nouveau barème n’est-il pas simplement annulé et ouvert à de nouvelles négociations ? Alors que les économies visées par le gouvernement ne sont que de 4,3 milliards €, soit un coût sans commune mesure du coût de l’ensemble du dispositif annoncé.
Mais les précaires, c’est aussi la grande masse des ‘autoentrepreneurs’, des livreurs et des conducteurs à leur compte, (…), dont le nombre a beaucoup augmenté au cours de la dernière année…
N’oublions pas, non plus, les bénéficiaires des minima sociaux : lorsqu’on a des revenus convenables et assurés, le confinement n’est pas un épreuve financière, puisqu’on dépense moins. Mais ceux qui n’ont qu’un tout petit minimum ont toujours besoin de ce petit minimum pour survivre !
Enfin n’oublions pas les artisans et commerçants qui exercent dans des activités non prioritaires, et pour qui le report de certaines charges ne suffit pas à compenser l’absence complet de rentrées.
Malgré les promesses (assez vagues) de prise en compte de ces situations faites par le président lundi soir, on se prend à rêver d’un plan à la japonaise (voir l’éditorial de Jean-Pierre Bouissou dans Ouest-France du lundi 13 avril) où tous ceux qui ont perdu 20 à 50 % de leurs revenus bénéficient d’une aide individuelle importante de l’État pour survivre…
Résumons. Tous les travailleurs de l’ombre du secteur médical aides soignants, aides à la personne, caissiers des super marchés, éboueurs, maraîchers, (…), qui ne bénéficiaient d’aucune considération et dont l’activité était réputée coûter trop cher, se retrouvent en première ligne pour permettre à tous de survivre. Les vagues promesses du président pour l’après crise ne va sans doute pas leur suffire…
Et à l’autre bout, tous ceux qui étaient censés représenter la partie ‘active’ de la société, celle qui prend des risques et qui innove (…) se retrouve fac à la réalité de leur absence de statu et de protection…
C’est une partie de tous ceux là qui se sont retrouvés dans le mouvement des Gilets Jaunes. Et leur confiance en la parole du Président n’est certainement pas renforcée…Et l’écologie, dans tout çà ?
Il ne faut pas oublier les nombreuses mobilisations pour la sauvegarde du climat et de la biodiversité, l’« Affaire du siècle » (plus de 2 millions de signatures), les marches pour le climat des jeunes et des adultes, les coquelicots, … qui traduisent la conscience de plus en plus partagée des dangers écologiques qui nous menacent.
Malgré cela, le gouvernement n’a réellement pris aucune mesure sérieuse à la hauteur de l’enjeu : non tenus, nos engagement concernant les gaz à effet de serre lors de la COP21 de Paris ; envolés, les objectifs de diminution des pesticides dans l’agriculture ; …
Ce n’est pas la crise sanitaire qui va effacer cette conscience, d’autant que le lien avec le défrichage de la forêt primaire est probable.
De plus, on constate que les productivistes sont déjà à l’œuvre pour profiter de cette crise pour faire tomber les rares contraintes environnementales qui ont été prises : la FNSEA réclame (et obtient dans plusieurs dizaines de départements) l’annulation de la distance de 5 à 10 mètres pour l’épandage des pesticides ; Airbus a obtenu des masques chirurgicaux pour redémarrer des ateliers de montage, … alors que la plupart des avions sont cloués au sol et qu’il s’agit d’un mode de déplacement polluant et bénéficiant de détaxations ; Et dès maintenant, les libéraux commencent à dire qu’il faudra travailler plus (donc « assouplir » les règles du travail en conséquence) pour rembourser la dette ;...
Ce qui se passe aux USA, en Pologne, en République tchèque, en Indonésie, … montrent que les productivistes et les industries polluantes sont à l’œuvre pour lever tous les obstacles…
Sans attendre la fin de la crise sanitaire, c’est dès maintenant que la lutte pour la transition écologique commence à se jouer !Une gestion de la crise sanitaire problématique :
L’affaire des masques a été très révélatrice. Pas de stock de masques en début de crise. Le gouvernement actuel n’en porte pas la seule responsabilité : ce sont les précédents qui avaient décidé de ne pas le renouveler. Ensuite, la recherche de masques au niveau international n’a pas été à la hauteur de l’évènement et a été chaotique.
Mais le plus grave, c’est que le gouvernement a nié l’absence de stock et a menti sur l’utilité sanitaire de ces masques : fin janvier, la ministre de la santé a déclaré que ces masques étaient inutiles et affirmé que les stocks existaient (ce qui était faux) !
Cela ne va pas dans le sens de l’établissement d’une confiance indispensable dans la période actuelle...Conclusions provisoires :
Il n’est bien entendu pas question de remettre en cause les mesures de confinement et les gestes « barrière ». Et nous espérons tous que le calendrier de dé-confinement sera adapté à la situation.
Mais il faut reconnaître que la défiance sociale et écologique vis à vis de ce gouvernement est plus que jamais présente dans la population. (cf le récent sondage de l’IFOP des 8 et 9 avril : voir shéma).Il y a de fortes chances pour que la sortie de crise s’accompagne de vifs débats, et peut-être même de crises sociales.
C’est donc dès maintenant que des instances de réflexion et de débat (comme le Conseil de développement de Nantes) peuvent ouvrir un champ de travail.Il y a 0 message(s) de forum -
Derrnier rapport de Oxfam France
La crise du coronavirus pourrait faire basculer un demi-milliard de personnes supplémentaires dans la pauvreté
10 avril 2020, par Patrick Cotrel - #Au fil des jours - #Energies - Climat - #Développement DurableExtraits du dossier de presse rendu public le 9 avril.
DOCUMENT D’INFORMATION MEDIAS D’OXFAM, 9 avril 2020 : . LE PRIX DE LA DIGNITÉ Un « plan de sauvetage pour tou.te.s » pour endiguer les ravages économiques dela crise du coronavirus et rebâtir un monde plus égalitaire
De nouvelles analyses révèlent que la crise économique provoquée par le coro-navirus pourrait précipiter plus d’un demi-milliard de personnes dans la pauvreté, à moins que des mesures drastiques ne soient prises de toute urgence. Ce virus nous affecte toutes et tous, y compris les personnalités princières et les Premiers et Premières ministres. Mais l’égalité s’arrête là. Si elle n’est pas maîtrisée, cette crise provoquera d’immenses souffrances du fait de l’exploitation des inégalités extrêmes entre personnes riches et pauvres, entre nations riches et pauvres, et entre hommes et femmes. Nous ne pourrons venir à bout de ce virus qu’à condition d’unir nos forces. Les pays en développement doivent prendre des mesures pour protéger leur population et exiger l’aide des nations riches. Les gouvernements des pays riches, au premier rang desquels les membres du G20, doivent augmenter massivement les aides accordées. Ce dossier présente un Plan de sauvetage économique universel à la hauteur de la crise, mobilisant au moins 2500milliards de dollars pour lutter contre la pandémie et empêcher un effondrement économique mondial. Il privilégie l’aide directe aux personnes, sous la forme de subventions en espèces pour toutes les personnes qui en ont besoin. Cela peut être financé moyennant la suspension immédiate du remboursement de la dette par les pays pauvres, al-liée à une relance économique ponctuelle du FMI et de la BCE et à une augmentation de l’aide et de la fiscalité.
(...)
« Hors de tout contrôle, le virus pourrait coûter la vie à plus de 40millions de personnes6. Mais la dévastation ne s’arrêtera pas là. Partout dans le monde, le virus a un énorme impact économique, les économies étant mises à l’arrêt pour tenter de stopper la propagation de la maladie. L’Organisation internationale du travail (OIT) estime que 25millions d’emplois pourraient être perdus, un chiffre probablement sous-estimé. »
(...)
Pour télécharger le dossier de presse, cliquer ici.Par ailleurs, Oxfam a lancé hier une pétition nationale avec 14 autres organisations "pour défendre 4 mesures d’urgence et 3 de long terme, les plus à même de sauver des vies, soutenir les plus vulnérables et répondre durablement à la crise sociale et climatique." (voir les brèves du 9 avril).
Pour signer la pétition, cliquer ici. -
Coronavirus
Confinement : conseils complémentaires
8 avril 2020, par Patrick Cotrel - #Au fil des jours - #Développement DurableUn "groupe de soutien scientifique", regroupant des épidémiologistes reconnus, s’est constitué pour venir en aide aux élus locaux dans la mise en œuvre du confinement, en strict complément des préconisations de l’État. Ce groupe a proposé un ensemble de recommandations que l’Agence régionale de santé des Pays de la Loire et le Préfet de région viennent de valider et de les adresser à tous les élus de la région . Ces préconisations peuvent certainement vous être utiles, vous les trouverez jointes sous forme de PDF complet et de visuel d’infographie, permettant de communiquer facilement ces informations, visuel préparé avec le quotidien Presse-Océan.
Ce groupe animé par le Pr Didier Lepelletier, chef du service de Bactériologie-Hygiène du CHU de Nantes et expert auprès du Haut Conseil de la santé publique et par Ronan Dantec (sénateur de Loire Atlantique et vétérinaire de formation), a la particularité de croiser les regards d’épidémiologistes et d’élus ou anciens élus ayant quelques connaissances en santé publique. Il s’est fondés sur des constatations de terrain, sur des pratiques d’hygiène insuffisantes, sur des difficultés et interrogations qui remontaient des élus locaux et sur la demande de la presse locale pour des préconisations pratiques, aussi rigoureuses que possible scientifiquement, même si on ne peut ignorer les nombreuses inconnues existant encore concernant la diffusion de ce coronavirus. Ce groupe a notamment fait des propositions pour la gestion des clients dans les hypers ou les moyennes surfaces alimentaires qui ne peuvent pas à ce stade s’appuyer sur un avis spécifique du Haut Conseil de la santé publique.
Pour télécharger l’infographie résumant les recommandations, cliquer ici.
Pour lire les recommandations détaillées, cliquer ici.
titre documents joints :- info document (PDF - 119.6 ko)
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Enquête de Médiapart :
"Masques : les preuves d’un mensonge d’Etat"
6 avril 2020, par Patrick Cotrel - #Au fil des jours - #Développement Durable« Pénurie cachée, consignes sanitaires fantaisistes, propositions d’importations négligées, stocks toujours insuffisants, entreprises privilégiées : basée sur de nombreux témoignages et documents confidentiels, une enquête de Mediapart révèle la gestion chaotique au sommet de l’État, entre janvier et aujourd’hui, sur la question cruciale des masques. Et les mensonges qui l’ont accompagnée. Les soignants, eux, sont contaminés par centaines. »
Ce qui suit est constitué d’extraits de cette enquête.En déplacement, mardi 31 mars, dans une usine de fabrication de masques chirurgicaux, le président de la République Emmanuel Macron a cité beaucoup de chiffres sur les approvisionnements en cours, afin de rassurer les Français qui s’inquiètent de la pénurie de ce matériel médical essentiel pour la protection des soignants.
Beaucoup de chiffres, sauf un : « 2200 ». [chiffre actualisé le 6 avril]
« 2200 », comme le nombre officiel de personnels de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), le vaisseau amiral des hôpitaux publics français, qui ont été contaminés par le Covid-19 depuis le début de l’épidémie.
(…)
Basée sur de nombreux témoignages et documents confidentiels, auxquels nous avons pu avoir accès, notre enquête démontre que :Selon nos informations, mi-janvier, on dénombre alors moins de 80 millions de masques dits « chirurgicaux » – plus 80 millions supplémentaires commandés avant l’épidémie, mais pas encore livrés – et zéro en stock de masques dits « FFP2 ». Les premiers sont des masques anti-projection de base, destinés à la population, avec une durée de vie limitée à quatre heures. Ils ne protègent pas ceux qui les portent, mais empêchent ces derniers de contaminer d’autres personnes par leurs postillons. Les seconds – ainsi que leur version haut de gamme, les FFP3 – sont, eux, des masques de protection respiratoires à destination du personnel soignant. Et pourtant, la France n’en a aucun en stock.
Ce choix n’est pas celui du gouvernement actuel mais de son prédécesseur. En 2013, la ministre de la santé, Marisol Touraine, avait en effet décidé de supprimer les stocks stratégiques de l’État et de transférer cette compétence aux employeurs, qu’ils soient privés ou publics, désormais chargés « de constituer des stocks de masques pour protéger [leur] personnel ».
Au lieu de jouer la transparence sur cette pénurie – qui n’est pas de son fait –, et d’expliquer que le peu de stock disponible sera réservé en priorité aux soignants, le gouvernement d’Édouard Philippe choisit de ne pas informer les Français. Et d’utiliser de faux arguments sanitaires pour masquer des stocks insuffisants. Il expliquera ainsi tour à tour que les masques sont inutiles pour la population générale, puis qu’ils ne sont pas efficaces car les Français ne savent pas les porter, pour désormais, sur le tard, tenter d’équiper « massivement » la population afin de sortir du confinement.Le 24 janvier, quelques heures avant la confirmation de trois cas européens (et français) de coronavirus, la ministre de la santé Agnès Buzyn se veut rassurante à la sortie du Conseil des ministres : « Les risques de propagation du virus dans la population [française – ndlr] sont très faibles. »
Deux jours plus tard, tandis que l’agence européenne de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) requalifie à la hausse le risque d’importation en Union européenne, la ministre dissuade, sur RTL, de porter le masque chirurgical, qui n’est utile, dit-elle, que « quand on est malade ». Elle relativise : « Quand vous croisez quelqu’un dans la rue, le risque d’attraper le virus est faible. » Elle affirme aussi que « des dizaines de millions de masques [sont] en stock, en cas d’urgence », que « tout cela est parfaitement géré par les autorités ». « Et si un jour il fallait porter un masque, nous distribuerions le masque, il n’y a absolument aucune raison d’aller en acheter », ajoute-t-elle. Mais fin janvier et début février, le ministère de la santé, conscient de la faiblesse des stocks d’État, n’a décidé de commander qu’une très faible quantité de masques, malgré des alertes internes. Le matériel a de surcroît mis plusieurs semaines à arriver.Après ce premier fiasco, l’État a créé, début mars, une cellule interministérielle dédiée à l’achat de masques. Mais là encore, le bilan s’est avéré catastrophique : lors des trois premières semaines de mars, la cellule n’a pu obtenir que 40 millions de masques, soit l’équivalent d’une semaine de consommation au rythme contraint actuel. La cellule a notamment raté plusieurs possibilités de livraisons rapides. Du coup, la réquisition par l’État de tous les stocks et de toutes les productions effectuées en France (il existe 4 usines en France) est déclarée dans la précipitation ; d’où un certain nombre d’effets pervers....D’où une volte-face le 20 mars : le gouvernement autorise de nouveau les entités publiques et privées à importer librement des masques.
Ce qui n’empêche pas le nouveau ministre de la santé, Olivier Véran, de claironner, à plusieurs reprises, le 18 février, au micro de France Inter, que la « France est prête » face au « risque pandémique ».Le gouvernement a caché cette pénurie pendant près de deux mois et, en fonction des stocks, a adapté ses consignes sanitaires sur le port du masque. Fin février, le directeur général de la santé préconisait un masque pour toute personne en contact avec un porteur du Covid. Un mois plus tard, la porte-parole de l’exécutif déclarait que c’était inutile…mais le jour même, le président Macron, en déplacement, était filmé portant un masque !
Des entreprises dans des secteurs « non essentiels » de l’économie ont continué à consommer des masques, pour des raisons économiques. Exemple : l’avionneur Airbus, qui semble avoir bénéficié d’un traitement de faveur et a pu redémarrer plusieurs ateliers, avec des ouvriers équipés de masques chirurgicaux (FFP2 et 3). Dans le même temps, des personnels soignants continuent à travailler sans ces masques protecteurs, faute de stocks suffisants. « Je suis écœuré qu’on utilise des FFP3 alors que ça ne sert à rien d’assembler des avions en ce moment, confie un salarié d’Airbus. Ces masques devraient être donnés aux hôpitaux. »
Le gouvernement tente désormais de renflouer les stocks, avec une stratégie à 180° : il faut préparer la sortie de confinement, « où on sait qu’il faudra massivement équiper » la population, ainsi que l’a admis la secrétaire d’État à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, dans une réunion dont Mediapart a obtenu l’enregistrement.
Mardi 31 mars, Emmanuel Macron a visité l’usine de masques Kolmi-Hopen, près d’Angers, pour affirmer son nouvel objectif : la France doit atteindre « une indépendance pleine et entière » en matière de production de masques « d’ici la fin de l’année ».
Le chef de l’État a vanté la mobilisation des quatre usines françaises, dont la production est passée de 3,5 à 8 millions de masques par semaine, avec l’objectif de grimper à 10 millions « fin avril », et même 15 millions grâce à l’aide de « nouveaux acteurs ». Soit un tiers seulement de la consommation actuelle, elle-même insuffisante.
Mais depuis, de nombreuses entreprises de confection et de nombreux particuliers se sont lancés dans la confection de masques. Pas des masques pour les soignants, mais pour la population. Les propos de la secrétaire d’État montrent pourtant que le gouvernement ne croit pas à son discours officiel sur la primauté exclusive des « gestes barrières ». Une fois le confinement terminé, la population sera en effet de nouveau exposée au virus, avec le risque d’une reprise de l’épidémie.
Dans ce contexte, le masque est un moyen de protection efficace. Quatre pays d’Europe centrale (République tchèque, Slovaquie, Autriche et Slovénie) ont d’ailleurs rendu, ces derniers jours, son port obligatoire dans l’espace public.Au moins six plaintes pénales ont déjà été déposées devant la Cour de justice de la République (CJR) contre le premier ministre Édouard Philippe, l’ex-ministre de la santé Agnès Buzyn et son successeur Olivier Véran, accusés d’avoir mal géré la crise, notamment au sujet des masques (lire ici).
Lors de sa visite de l’usine de masques Kolmi-Hopen, Emmanuel Macron a dénoncé les « irresponsables » qui en sont « déjà à faire des procès alors que nous n’avons pas gagné la guerre ». « Ensuite viendra le temps des responsabilités. Et on regardera tous et toutes ce qu’on pouvait mieux faire, ce qu’on aurait pu mieux faire », a-t-il promis.Quelles conclusions tirer de tout cela, au moment où nous nous trouvons ?
D’abord, il faut le répéter, il n’est pas question de remettre en cause les consignes de confinement et les « gestes barrière ». Il faudrait sans doute les renforcer et utiliser beaucoup plus les masques « de base » dès que chacun pourra en trouver.
Mais cacher l’absence de stocks de masques et mentir sur les conditions de sécurité est très grave. Cela ne peut que disqualifier la crédibilité des discours et promesses de nos dirigeants, jusqu’au plus haut niveau.
Nous devons, dès maintenant, revendiquer un débat sur les conditions de la sortie de la crise et la relance des activités. Nous ne nous contenterons plus de promesses : nous voulons des décisions et des actes.Pour télécharger l’enquête de Médiapart, cliquer ici
titre documents joints :- info document (PDF - 996.9 ko)
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Interventions de Yannick Jadot, ce dimanche
« Il faut un Grenelle du monde d’après »
5 avril 2020, par Patrick CotrelInterview de Yannick Jadot, député européen EELV, dans Le Journal du Dimanche :
PROPOS RECUEILLIS PAR ARTHUR NAZARETALTERNATIVES Le chef de file des écologistes entend profiter de la crise pour lancer « un plan massif de transition »
Pour Yannick Jadot, « il serait criminel d’organiser le sauvetage du vieux monde ».
Comment préparer la sortie de crise ?
Quand on se sera enfin débarrassés de cette terrible épidémie, organisons un « Grenelle du monde d’après ». Une grande négociation associant toutes les forces vives de notre pays, collectivités, entreprises, syndicats, associations, État. Le modèle néolibéral est une machine à broyer les plus modestes, un prédateur pour le climat et le vivant. Il est temps de dessiner un autre projet de civilisation. Mais comment imaginer repenser l’hôpital public sans les soignants et les patients, l’école sans les enseignants et les parents ? Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le Conseil national de la Résistance a rassemblé les forces vives pour reconstruire notre pays et bâtir un modèle social qui fait toujours notre fierté. Cette ambition doit nous inspirer. Dans l’histoire d’un pays, il y a peu de moments où l’on peut choisir la société dans laquelle on veut vivre. Nous sommes aujourd’hui dans un de ces moments-là.
Est-ce aussi une crise écologique ?
Bien sûr. Aujourd’hui, 75 % des maladies infectieuses émergentes viennent des animaux. La déforestation joue ici un rôle majeur en rapprochant des hommes les animaux sauvages et les virus qu’ils transportent. Nous aurons la même chose avec le dégel du permafrost, lié au changement climatique, qui va libérer des virus oubliés. Stopper la prédation écologique, c’est aussi protéger notre santé.
Redoutez-vous que l’écologie soit sacrifiée sur l’autel de la compétitivité ?
Il serait criminel d’organiser le sauvetage du vieux monde et de reporter à plus tard – à « trop tard » – la survie sanitaire, écologique et sociale de l’humanité. Et quelle compétitivité ? Celle de la recherche effrénée des salaires les plus bas, de la réglementation environnementale ou fiscale la plus laxiste ? Celle qui nous fait dépendre de la Chine pour nos médicaments ou du Brésil pour nourrir nos élevages ? Celle qui nous a rendus si vulnérables ? Il y a un risque énorme, aux niveaux européen et français, que l’écologie soit sacrifiée sur l’autel des intérêts et des lobbies qui nous ont conduits dans le mur. Celui de l’automobile demande de s’affranchir des normes de pollution, comme l’a décidé Donald Trump aux États-Unis !
Que proposez-vous ?
Les écologistes défendent la mise en œuvre d’un plan massif de transition. Des torrents d’argent public vont se déverser sur l’économie. Innovation, résilience, souveraineté, écologie et justice sociale doivent les guider. Le Japon a décidé de dépenser 2 milliards d’euros pour rapatrier ses entreprises de Chine. L’Europe et la France doivent également se doter d’un plan de relocalisation. Nous devons particulièrement renforcer notre souveraineté dans la fabrication des médicaments, dans l’énergie, le numérique, les industries vitales. Pour ces secteurs stratégiques, la réglementation européenne en matière de marchés publics doit évoluer. C’est 14 % du PIB ! Les appels d’offres doivent pouvoir spécifiquement cibler des entreprises européennes et, au niveau local, privilégier les PME. Tous les pays le font, sauf nous. Nous proposons aussi de mettre en place des « contrats territoriaux de transition » pour organiser, à l’échelle des Régions, l’accompagnement des entreprises et des salariés vers un modèle dynamique, juste, créateur d’emplois de qualité, qui protège le climat et le vivant.
Faudra-t-il faire un geste envers ceux qui se sont le plus mobilisés ?
Nous voyons bien que celles et ceux qui nous permettent de vivre, de nous soigner, de nous nourrir sont des personnes dont les conditions de travail ont été précarisées, maltraitées. Une nouvelle hiérarchie de l’utilité sociale des métiers est apparue pendant cette crise. Les soignants, les caissières, les livreurs, les paysans, les ouvriers, les éboueurs et tant d’autres méritent de meilleurs salaires et des droits sociaux beaucoup plus protecteurs.
« Nous devons renforcer notre souverainenté dans les industries vitales »
Édouard Philippe a ouvert la porte à l’enterrement de la réforme des retraites. Y êtes-vous favorable ?
Évidemment. Nous demandons au gouvernement de retirer définitivement la réforme des retraites et celle de l’assurance chômage. Toutes deux précarisent et divisent. Au moment où notre pays doit se rassembler, il est dangereux de le diviser.Pour écouter l’intervention de Yannick Jadot sur France Inter ce dimanche midi, cliquer ici. 25 minutes.
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