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L’agriculture industrielle en crise

vendredi 25 octobre 2019, par Patrick Cotrel - - -

Le mouvement « Nous voulons des coquelicots », qui mobilise la population pour l’arrêt de l’utilisation des pesticides de synthèse (=chimiques) par l’agriculture, secoue le monde agricole. Selon les sondages, plus de 95 % des françaises et français approuvent cette revendication ! Du coup, la FNSEA (syndicat agricole dominant) multiplie les manifestation d’agriculteurs contre « l’agribashing ».
C’est cette crise dont l’émission ‘Envoyé spécial’, sur France 2 jeudi soir, a tenté de rendre compte.
Un système de production dans l’impasse :
Oui, il faut le dire, l’agriculture est à l’origine de 19 % des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) ; moins que les transports (31%), mais autant que l’habitat et les bureaux et plus que les industries manufacturières.
Il faut ajouter que depuis 1989, 33 % des oiseaux des milieux agricole ont disparu ; plus que dans les milieux bâtis (-30%), et beaucoup plus que les milieux forestiers.
D’un autre côté, un grand nombre d’agriculteurs est coincé entre une mécanisation poussée (et donc les dettes), avec l’utilisation de pesticides et de ‘fertilisants’ coûteux, et des revenus faibles ou très faibles. En même temps, bon nombre d’agriculteurs ont eu de graves problèmes de santé dus à l’emploi des pesticides, avec une omerta imposée par le système dominant de l’agrobusiness. Et c’est bien cette contradiction fondamentale qui explique la vague de suicides d’agriculteurs depuis plusieurs années.
C’est cette crise fondamentale que la mobilisation contre les pesticides de synthèse vient exacerber.
Des prises de positions :
C’est dans ce contexte que Christelle Morançais (Présidente du Conseil régional des Pays de la Loire) vient d’écrire un ‘Point de vue’ dans Ouest France du 24 octobre 2019, intitulé « Stop à l’agribashing », dans lequel elle défend implicitement le système d’agriculture industrielle actuellement dominant en affirmant que les agriculteurs sont victimes « d’un modèle qui impose le pire des choix : être bio et perdre de l’argent, ou être rentable et être détesté. ».
Pour lire ce « Point de vue », cliquer ici
En réaction, le Groupe écologiste et citoyen du Conseil régional des Pays de la Loire écrit : « Ceux qui souffrent aujourd’hui, ce sont ceux qui se sont endettés pour répondre à la spirale infernale du productivisme et auxquels on a fait miroiter des mirages de prix et de retour sur investissement. A défaut de perspectives d’avenir dans un système destructeur est né ce sentiment d’abandon qu’expriment aujourd’hui de nombreux agriculteurs. Il y a une urgence agricole à les accompagner pour éviter la fracture rurale, au lieu d’attiser les oppositions comme le fait Christelle Morançais.
Exiger du Gouvernement et à l’Europe d’assurer une juste rémunération des agriculteurs pour leur travail, c’est très bien mais qu’elle commence par arrêter de verser des dizaines de millions d’euros d’argent public à l’industrie agro-alimentaire sans engagement en retour. En réalité, elle soutient le système qu’elle dénonce. Nous lui demandons aussi à chaque réunion plénière du Conseil régional de s’engager pour soutenir l’émergence et le renforcement des dynamiques de transition avec la mise en œuvre de plans alimentaires territoriaux sur tout le territoire, de mettre l’accent sur l’autonomie et la relocalisation de notre agriculture. A quand des contrats de terroir sous l’impulsion de la Région ?
 »
Pour lire l’intervention complète, cliquer ici.
Sortir de l’impasse de ce mode de produire :
Bien entendu, la responsabilité de l’Etat (et des Régions) doit être soulignée : on ne peut pas interdire certaines pratiques agricoles en France et accepter des importations de produits qui les utilisent. Ajoutons qu’il faut aussi interdire l’importation de tourteaux de soja OGM cultivés sur des surfaces détruites de forêt primaire au Brésil, même si elles sont largement utilisés par des élevages bovins français productivistes…
Et puis, comment comprendre que l’utilisation des pesticides de synthèse est aujourd’hui interdite en zone urbaine (par les services publics et par les particuliers), mais est autorisée en zone rurale, y compris à proximité immédiate des habitations et des écoles ?
Disons-le clairement, les crispations actuelles ne pourront être dépassées si la majorité des agriculteurs ne reconnaît pas les causes profondes de la crise, et donc la nécessité de changer complètement ce système de production dont l’agrobusiness tire les ficelles (et les profits).
Si ce blocage est dépassé, si la majorité des agriculteurs reconnaît que les françaises et français ne veulent plus de ce type de produits, alors les voies d’une transition ne seront pas très difficiles à trouver.

Messages

  • Le Ministre de l’Agriculture avec sa langue de bois était affligeant ce matin sur France inter.
    J’ai quelques expériences concernant les élevages intensifs de volaille. Après avoir vu les conditions dans lesquelles sont élevés les canards et les poulets vous n’avez plus envie d’acheter des blancs de poulets dans les magasins. 43% des poulets consommé en France proviennent de pays qui sont loin de respecter les normes européennes et qui sont déjà peut contraignantes. 80% des poulets « français » consommés en France provient d’élevages intensifs pour satisfaire une demande croissante, mais les citoyens sont de plus en plus nombreux à refuser ce type d’élevage intensif et à privilégier un poulet de qualité (fermier et bio).
    Lorsqu’il y a création ou extension d’élevages de volailles il y a une enquête publique. L’étude d’impact est en général réalisée par une filiale de la firme qui vend les poussins, l’alimentation de la volaille et qui achète cette volaille. Le financement de la création ou de l’extension est assuré par cette même société, sachant que le paysan qui gagne péniblement le SMIC ne peut se permettre des investissements de plusieurs centaines de millions d’euros.
    Il est urgent, pour répondre aux demandes d’une majorité de Français, que les normes qui régissent les élevages avicoles évoluent considérablement notamment avec une forte baisse de la densité de peuplement. Un premier pas pourrait être de s’appuyer sur les recommandations de la commission européenne.

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