Emmanuel Macron l’a emporté, comme nous le souhaitions, face au danger de l’extrême droite.
Comme je le signalais dans mon article « Pourquoi voter Macron au second tour ? » (cliquer ici), on peut en espérer la sauvegarde de certains acquis sociétaux, démocratiques et de la construction européenne.
Mais nous savons aussi nos désaccords avec son projet :
 L’étatisation de l’Assurance chômage et de la Sécurité sociale va réduire le rôle des confédérations syndicales, ainsi que le projet de donner la priorité des accords d’entreprise par rapport aux accords de branche et interprofessionnels : en l’absence de garanties pour renforcer le rôle des syndicats d’entreprise (par ex en leur donnant une représentation significative dans les Conseils d’administration) cela constitue une réelle menace pour les syndicats de salariés.
 Quels sont les services publics qui vont être visés par le projet de réduction de 120 000 fonctionnaires ?
 E.Macron est plutôt favorable aux accords commerciaux avec le Canada et les USA, même s’il veut en renégocier certains aspects. La récente acceptation par l’Europe du pétrole issu des sables bitumineux du Canada (particulièrement néfaste pour l’environnement et plus émetteur de CO2) constitue une alerte.
 Nous sommes en désaccord avec la réduction de l’impôt sur la fortune en neutralisant les placements en entreprises et avec la baisse de la fiscalité des bénéfices des entreprises sans contrepartie.

Dans ces conditions, les élections législatives prennent un caractère très différent du débat présidentiel : il ne s’agit plus, principalement, de se compter sur un projet de société, mais de maintenir des forces capables d’appuyer les avancées, mais surtout d’organiser la résistance face aux projets dangereux.
Or la gauche, toutes tendances confondues, n’a obtenu qu’un quart des suffrages au premier tour de la présidentielle. Si, sur chaque circonscription, il y a des candidats de la France Insoumise, du PS, du PC de EELV (+ quelques autres), l’échec général de tous est probable.
En conséquence, de nombreux appels ont été lancés pour négocier au plus près du terrain (en l’absence d’accords nationaux) pour passer des accords intelligents pouvant aller d’une répartition des circonscriptions à des soutiens croisés.

Malheureusement, la "France Insoumise" refuse tout accord avec les autres forces de gauche ; et cette position est reprise par tous les candidats : vous devez vous soumettre à la France Insoumise !
La récente rupture avec le PCF (qui a pourtant soutenu la candidature Mélenchon) est tout à fait symbolique : JL Mélenchon veut être à la tête de LA SEULE force d’opposition de gauche, et pour cela casser les autres partis.
Et même les candidat.e.s qui se donnent des allures plus ouvertes au dialogue, n’ont finalement qu’une seule proposition : soutenez ma candidature France Insoumise (comme sur la 5ème circonscription de Loire-Atlantique) !
Dans ces conditions, on pourrait penser que les autres partis de gauche vont se ressaisir pour trouver les compromis nécessaires à leur survie.
Malheureusement, les ambitions personnelles et les méfiances entre courants différents (sans discussion) sont en train de l’emporter.
Et chacun dans son coin, ces candidats se préparent à "prendre leur veste" et à plomber un peu plus la crédibilité de leur parti…

Il y a des jours où la politique est un peu désespérante !