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Nucléaire français : la dépendance à la Russie de Poutine

dimanche 12 mars 2023, par Patrick Cotrel - - -

On savait déjà :

- que le nucléaire comporte des risques importants : les sites des centrales nucléaires sont insuffisamment protégés par rapport au crash éventuel d’un avion de ligne (accidentel ou de nature terroriste). Les piscines, où le combustible usagé (mais encore hautement radioactif) est entreposé à ciel ouvert, en attendant d’être retraité ;
- que nos centrales vieillissantes peuvent comporter des fissures importantes dans les circuits de secours. C’est ainsi que la centrale de Penly vient d’être arrêtée (suite à la découverte d’une fissure de 2,8 cm), comme plusieurs autres vieilles centrales, pour réparation.
- les centrales nucléaires doivent être constamment refroidies pour évacuer la chaleur perdue (la moitié !) au cours de la transformation de la chaleur produite par le réacteur en électricité, sous peine d’emballement de la réaction nucléaire. Problème : l’eau utilisée en grande quantité pour ce refroidissement (souvent prélevée dans un fleuve) est rejetée en milieu naturel, mais devient dangereuse pour les espèces vivantes en cas de forte chaleur (ce qui devient de plus en plus fréquent en été). Il n’y a souvent pas d’autre solution de mettre des centrales à l’arrêt, et donc de faire que l’électricité nucléaire devienne une énergie intermittente.
Et c’est dans ce contexte sensible que le gouvernement veut dissoudre l’IRSN, sans doute pour sa trop forte indépendance dans le contrôle qu’il exerce sur la filière nucléaire. (voir l’article sur ce sujet, en cliquant ici).
- élaborer un nouveau type de centrale nucléaire demande un délai technique d’au moins 15 ans, sans assurance d’un démarrage effectif. L’échec industriel de l’EPR de Flamanville le démontre amplement. Mais dans 15 ans, la situation climatique sera énormément aggravée : c’est dès 2030 qu’il faut avoir pris un virage décisif pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Ce projet d’EPR2 n’est en aucune façon une solution crédible à la crise climatique.
- L’Agence Internationale de l’Energie constate que l’électricité est beaucoup plus chère et beaucoup plus longue à réaliser que les énergies renouvelables, et particulièrement le photovoltaïque ; alors que la France est à la traine des pays européens pour la mise en place des énergies renouvelables. Par son entêtement, le Président Macron nous conduit à un échec de la transition énergétique et à prendre un bouillon financier...

La dépendance du nucléaire français par rapport à la Russie de Poutine

Contrairement au discours officiel sur l’indépendance énergétique de la France (‘grâce au nucléaire’), la totalité de l’uranium utilisé dans les centrale françaises est importé d’Afrique (pour un peu plus de la moitié), mais aussi du Kazakstan et de l’Ouzbékistan par l’intermédiaire de ROSATOM (entreprise géante d’État Russe créée par Poutine).
De plus, Greenpeace révèle ou précise la dépendance de toute la filière nucléaire française par rapport à Rosatom (288 500 salariés, une vingtaine de milliards d’€ de chiffre d’affaire) :
- L’uranium qui sort des mines ne peut pas alimenter les centrales nucléaires : il doit être ‘enrichi’. Mais seule une grosse moitié de ce qui est utilisé dans les centrales françaises est enrichi par Orano en France (Malvési- Aude et Tricastin-Drôme). Et l’autre moitié est enrichie par Rosatom et livrée par des navires russes…
- A la sortie des centrales, les déchets d’uranium sont retraités par Rosatom en Sibérie (à Seversk). Une partie devient de l’uranium ‘ré-enrichi’, qui est ré-importé en France pour alimenter les centrales. L’autre partie, les déchets hautement dangereux, restent en Sibérie (sous la responsabilité de Rosatom).

Bien sûr, la France n’est pas le seul pays à avoir des échanges commerciaux avec Rosatom (qui représente 43 % de la capacité mondiale pour l’uranium enrichi). D’autres pays européens, les Etats Unis et le Canada achètent à Rosatom. Mais la France est de loin la plus dépendante par rapport à Rosatom pour l’uranium enrichi qu’elle produit à prix cassés.

Mais en plus, Rosatom exporte des centrales nucléaires dans le monde entier. Et Framatome (filiale d’EDF) lui fournit ses fameuses turbines Arabelle et des systèmes de contrôle-commande de centrales nucléaires, tandis qu’une cinquantaine d’entreprises françaises y placent d’autres produits. La Société française d’énergie nucléaire (SFEN), vitrine du secteur en France, indiquait récemment que « pour chaque nouvelle unité construite par Rosatom, en Europe ou ailleurs, jusqu’à un milliard d’euros irait à des technologies françaises ».

Bien entendu, l’État français, EDF, Orano (…) sont tout à fait muets sur toutes ces opérations...

Des sanctions très sélectives...

Le Président Ukrainien a réclamé un embargo sur les activités de Rosatom…. Sans suite.
Le parlement européen et plusieurs Etats du nord de l’Europe en ont fait de même … en vain.
Des exportations de RTosatom qui ont d’ailleurs affiché une hausse de 20 % l’an dernier, même après le déclenchement de la guerre.
Après enquête du Canard enchaîné, du Monde et de Greenpeace, « au gré d’au moins quatre escales connues, 312 tonnes d’uranium enrichi russe ont été débarquées à Dunkerque, par ces navires russes, en 2022 après le début de la guerre. »

Greenpeace affirme : «  Contrairement à ce qu’affirment ses défenseurs, la dépendance de la filière nucléaire française aux autorités russes est immense.  » (…) « l’État français doit exiger la rupture de tous les contrats liant EDF, Orano et Framatome à Rosatom. »

Pour lire le rapport de Greenpeace (99 pages), cliquer ici.

Pour lire le résumé de Greenpeace de son rapport, cliquer ici.

Pour lire l’article de Ouest-France, cliquer ici.

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