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Chômage : éléments de bilan d’un an de crise sanitaire

mardi 6 avril 2021, par Patrick Cotrel - -

Dernière nouvelle (le 15 avril) : Elisabeth Borne se moque de nous à propos de la réforme de l’indemnisation du chômage !

Après de nombreuses protestations de la part de tous les syndicats de salariés, après de nombreux articles dans la presse pour expliquer en quoi cette ’réforme’ va impacter les plus pauvres et le plus précaires, après un chiffrage détaillé de l’UNEDIC (voir ci-dessous), après que le Conseil d’Etat ait déjà retoqué une partie de cette réforme (pour rupture d’égalité entre les citoyen.ne.s), Elisabeth Borne (ministre du travail et technocrate d’Etat de longue date) nous explique qu’elle n’avait pas vu les inconvénients de son projet...
Et pourtant, ils sont de taille ! Exemple : avant la réforme, deux femmes ayant effectué les mêmes périodes de travail, mais l’une ayant eu un congé maternité, touchaient la même allocation chômage. Mais après la réforme, la femme ayant eu le congé maternité va perdre près de 200€ par mois pendant 21 mois !
Mme Borne a demandé à ses services d’apporter une petite correction pour corriger ces "effets non voulus"...

Les chiffres de Pôle emploi fin février

Il y a peu de variations par rapport au mois précédent, mais les variations sur un an sont significatives :
- Le nombre de chômeurs de cat.A a augmenté de 10,6 % (et de 12,8 % pour les moins de 26 ans) ;
- Le nombre de chômeurs de cat.A, B et C a augmenté de 6,2 % (et de 9,6 % pour les moins de 26 ans) ;
(Explication :
- Les offres d’emploi recueillies par Pôle Emploi en février sont au nombre de 214 000. Leur nombre était de 267 000 en février 20230, ce qui représente une baisse de 20 %.
On est donc loin d’entrevoir un retour à une situation similaire à celle d’avant crise, malgré l’utilisation massive du dispositif de chômage partiel ; et on constate que ce sont les jeunes qui paient le plus lourd tribu...

Plusieurs pistes pour un bilan sur un an

A cette augmentation du nombre de chômeurs de cat. A, B et C de 335 000 depuis un an, il faut ajouter les 117 000 personnes qui ont décroché de la sphère du travail : ils ne sont plus ni en emploi, ni au chômage, mais sont considérés comme « inactifs ». Ils sont repérables dans les statistiques de l’iNSEE : voir l’article du 22 février dernier (http://www.patrickcotrel.com/Les-de...)
Au total, on a près de 500 000 personnes de plus en difficulté. Et parmi elles on trouve une bonne proportion de jeunes et de personnes en contrats précaires.

La réforme des allocations chômage

C’est dans ce contexte que le gouvernement impose sa réforme des allocations chômage, contre l’avis de toutes les organisations syndicales de salariés.
Pourquoi cette réforme ,
Il faut savoir que lorsque les gouvernements ont décidé d’exonérer certains emplois de « charges » sociales, les différentes caisses (maladie, retraites, assurance chômage) n’ont reçu aucune compensation de l’État.
De la même façon, lorsque le gouvernement a décidé d’ouvrir largement le dispositif de chômage partiel, 1/3 du montant des indemnisations ont été financées par l’assurance chômage (UNEDIC), sans compensation de l’État.
Mécaniquement, l’UNEDIC voit son déficit augmenter très fortement… Et c’est au nom de cela que le gouvernement impose cette réforme de l’indemnisation du chômage, officiellement pour économiser 4,5 milliards € en 3 ans.
Cette réforme a été différée à cause de la crise sanitaire, mais aussi à cause de l’avis négatif du Conseil d’État. Le gouvernement vient de prendre un arrêté fin mars pour application en juillet prochain.

Les principales mesures de cette « réforme » :
- Calcul du salaire journalier de référence : ce calcul sera obtenu en divisant les salaires perçus par le total des jours calendaires de la période concernée (au lieu des seuls jours travaillés). Cela pouvait conduire à diviser par 4 ce montant du salaire journalier de référence. Grâce à l’intervention du Conseil d’État les jours non travaillés seront limités à un maximum de 57 % de l’ensemble. Selon une étude de l’UNEDIC (demandée par les syndicats et révélé par l’obs), les 220 000 chômeurs qui travaillaient entre 25 et 49 % verront leur indemnité baisser en moyenne de 890 à 640€ par moi ; les 285 000 chômeurs ayant travaillé entre 50 à 75 % verront leur indemnité baisser de 200€. Et au total, ce sont 840 000 chômeurs qui auront une allocation chômage en baisse dès juillet 2021.
- Dès que l’activité aura repris ‘normalement’, il faudra avoir travaillé 6 mois dans les 24 derniers mois pour ouvrir des droits à indemnisation, au lieu de 4 mois dans les 28 derniers mois dans l ‘ancien système. Ce sont les jeunes qui vont faire les frais de ce nouveau dispositif.
- Les cadres (salaire brut supérieur à 4500€) verront leur indemnité amputée de 30 % à partir du neuvième mois de chômage ; si la situation redevient ‘normale’, cette dégressivité pourrait être appliquée dès le 7ème mois.
- …
Au total, ce gouvernement se refuse d’augmenter l’imposition des plus riches (qui ont mis de l’argent de côté depuis un an), mais il n’hésite pas à ‘pomper’ les revenus des plus précaires.

Quoiqu’il en coûte ?...pas pour tout le monde !!!

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