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NDDL

Un point sur la situation de la ZAD

mardi 12 juin 2018, par Patrick Cotrel - - -

A propos de la violence :
Ce conflit a été très violent. L’Etat a annoncé son intention d’expulsion quelques jours à l’avance et a envoyé d’énormes moyens : 2500 gendarmes mobiles, blindés, engins de déblaiement, hélicoptère, … Plus de 11 000 grenades ont été tirées sur le site, causant plusieurs centaines de blessés (un des derniers a eu la main arrachée par l’explosion d’une grenade). Voir l’article de ReporTerre en cliquant ici.
La question des armes utilisées par la police est clairement posée : alors que l’utilisation des grenades offensives a été suspendue après la mort de Rémy Fresse, on doit également demander l’arrêt de l’utilisation des grenades lacrymogènes (qui ne font pas que diffuser du gaz) et des Flash-Ball. Ce ne sont pas de simples armes de défense, mais des armes faites pour blesser (parfois gravement).
Cette opération était-elle urgente ?
Cette question est d’autant plus légitime que les négociations entre les différentes parties et la préfecture n’étaient bloquées. De plus, on sait qu’il va falloir de nombreux mois (ou années) pour mettre à plat la question foncière sur cette zone.
En fait, cette opération précipitée a témoigné de la volonté du gouvernement de donner des gages à l’électorat de droite qui est sa cible prioritaire (la gauche étant en miette…). L’expulsion de la ferme des Cent Noms (pourtant connue pour le sérieux de son travail agricole at la modération de ses occupants) a constitué une véritable provocation.
Cela a eu pour résultat une mobilisation dans une unité retrouvée pour défendre la ZAD, et qui s’est traduite par une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personne, et aussi par l’afflux de plusieurs centaines de nouveaux Zadistes venus pour en découdre avec la police. Et de fait, les moyens utilisés par certains Zadistes se sont durcis (cocktails Molotov contenant des clous ou de l’acide), et des policiers, aussi, ont été blessés.
Cette montée de violence et le blocage de négociations étaient-ils l’effet recherché par le gouvernement ??
La division du mouvement anti-NDDL :
Depuis le début, le mouvement anti-NDDL a été dirigé par une alliance entre les agriculteurs "historiques", la Confédération Paysanne, l’ACIPA, le CéDPA. Mais après l’abandon officiel du projet d’aéroport, le poids politique à l’intérieur du mouvement s’est déplacé vers les Zadistes, et particulièrement les 300 nouveaux venus, plus radicaux. Cela explique la difficulté du débat interne, face aux conditions posées par la Préfète.
Malgré cela, au bout de nombreuses réunions, de tensions entre les personnes, des appels de nombreuses organisations, la décision majoritaire fut prise de présenter des projets individuels et collectifs, signés par des personnes identifiables (et non plus par des "Camilles") et d’ouvrir les routes.
Mais le lendemain, quelques Zadistes encagoulés tenaient uns conférence de presse pour dire leur opposition au dépôt de dossiers, à l’ouverture des routes, … Et le lendemain, plusieurs camions de l’entreprise "Louis XVI" ayant été loués par la police pour évacuer les gravats, ont été incendiés par un commando ‘Vers’ ‘Chère’ !
Ces actes, ainsi que les batailles de tranchées avec les gardes mobiles, qui ont suivi dans la ZAD pour la réouverture des routes, ont marqué lourdement la division du mouvement. Et plusieurs de ses composantes ont exprimé publiquement leur désaccord avec ces actes, et ont réclamé l’ouverture des routes pour pouvoir faire les travaux agricoles de printemps (COPAIN).
Une autre question de fond se trouve ainsi posée : comment peut-on assurer, dans un mouvement, la mise en œuvre des décisions prises majoritairement après un large débat ?
L’incapacité d’imposer le respect des décisions constitue, de fait, un aveu de faiblesse : est-ce qu’on n’attend pas de l’Etat qu’il les impose (forcément à sa façon) ???
La complexité de la situation actuelle :
Cette division du mouvement se traduit immédiatement par plusieurs changements :
- Le Conseil départemental réapparait sur le terrain et reprend les travaux sur les deux routes ;
- Mais c’est maintenant ce Conseil départemental (et non plus l’Etat) qui va sans doute gérer l’avenir des terres de la ZAD, avec la Chambre d’agriculture et la FNSEA dans ses bagages !

Dans cette situation difficile, le mouvement anti-aéroport parviendra-t-il à mobiliser pour obtenir :
- que les terres de la ZAD ne reviennent pas grossir des exploitations productivistes, avec des modes de culture qui ne respecteraient pas l’impérieuse nécessité de préserver ces zones humides précieuses pour la biodiversité et la gestion de l’eau ;
- que le caractère communautaire, l’entraide, l’aspect collectif des décisions soient conservées sur la ZAD, pour faire prévaloir l’intérêt collectif avant les intérêts individuels…

A suivre ….

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