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Sortir de la course à l’austérité

La France officiellement en récession économique

mardi 21 mai 2013, par Patrick Cotrel - - -

Depuis maintenant deux trimestres, le PIB français est en baisse. Et pire encore, le pouvoir d’achat des français diminue et le chômage bat les records.
Depuis plusieurs mois, des économistes ont sonné l’alerte, estimant que la politique d’austérité (ou de rigueur, peu importe le terme) nous mène et mène l’Europe « droit dans le mur ». Pourquoi ?
Le gouvernement s’est fixé comme objectif prioritaire de diminuer l’endettement de l’Etat. Pour cela, le premières mesures gouvernementales ont consisté à ré-augmenter les impôts des classes les plus aisées (et aussi un peu des classes moyennes), augmenter l’impôt sur les sociétés (avec une marche arrière partielle, suite au mouvement des pigeons et au rapport Gallois) et réduire les dépenses de l’Etat et les dotations aux collectivités locales. Ce serrage de vis pour les collectivités locales a même été accentué.
Comme les collectivités locales peuvent difficilement réduire ou supprimer des services à la population, ce sont les investissements qui sont réduits, induisant une baisse des commandes publiques. Si on ajoute à cela l’accélération de la montée du chômage qui produit une relative baisse de la consommation, on a tous les ingrédients, en l’absence d’une reprise mondiale, pour une stagnation de l’activité économique … qui a pour conséquence une baisse des rentrées de l’Etat. L’Etat doit alors prendre de nouvelles mesures d’austérité qui vont aggraver encore la situation : la spirale qui mène au fond du trou est amorcée !
Les limites de l’endettement de l’Etat :
L’endettement de l’Etat français a été fortement accentué sous le mandat de Sarkozy, à force de cadeaux fiscaux faits aux grandes entreprises et aux castes les plus riches de la société. Cela ne peut pas continuer indéfiniment, car ce sont les générations à venir qui devront supporter cette dette.
Cependant, s’enfoncer dans une spirale de récession n’est pas non plus une solution, comme le montre l’évolution de la situation dans plusieurs pays d’Europe du Sud. Il est donc indispensable de continuer à investir, mais de façon sélective, dans des secteurs qui vont générer des économies de fonctionnement, réduire le déficit du commerce extérieur ou préparer les industries de pointe qui vont nécessairement se développer (énergies renouvelables, économies d’énergie, recyclage des déchets pour économiser les matières premières, …).
Il est évident que s’il est possible de faire en sorte que cette relance sélective de l’investissement soit pilotée et financée par l’Europe (comme semble le suggérer F. Hollande), avec une garantie financière correspondante, ce serait préférable. Mais cela ne doit pas être un préalable : il est urgent de sortir de la spirale dépressive.
Il peut également être imaginée une forte incitation à orienter les investissements privés vers les secteurs prioritaires (allègements d’impôts, …), mais des mesures générales en faveur des couches les plus aisées sont incompréhensibles.
Paradis fiscaux et capital financier :
S’il est un domaine auquel il est urgent de s’attaquer, c’est celui de la fraude fiscale, des paradis fiscaux et des spéculations financières. La fraude fiscale en France est évaluée à 60 à 80 milliards € par an, soit plus que le budget de l’éducation nationale !
Et pour cela, des mesures fortes, que les pays anglo-saxons ont déja mises en place, sont urgentes : réciprocité des informations sur les mouvements de fonds pour tout établissement financier qui veut avoir l’autorisation d’exercer en France (es les banques suisses), obligation d’établir des comptes pays par pays pour toutes les entreprises et banques, séparation complète entre les banques de dépôt et les banques d’affaires, …
Toutes ces mesures sont à la portée du gouvernement français, à condition qu’il ait l’autorité pour le faire. Et malheureusement, l’accumulation actuelle des affaires où les dirigeants politiques sont pris les doigts dans la confiture ne favorise pas la crédibilité du politique.
Comme l’écrit Daniel Cohen (économiste, dans Ouest-France du 14 mai) : « Que faire ? Sortir de cette course à l’austérité qui se transforme en purge. La crise s’accompagne d’un doute profond sur la nature de nos institutions. Les hommes politiques n’ont pas de recette miracle, mais ils doivent être irréprochables. D’où la nécessité de supprimer le cumul des mandats et les rémunérations excessives. »

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