La publication des chiffres du chômage en fin 2005 est l’occasion de faire un point approfondi.
Depuis 9 mois, le chiffre officiel du chômage est en baisse. Mais dans le même temps, il n’y a que très peu de créations d’emplois (+0,4% en un an). Comment expliquer ce paradoxe ?
Certains syndicats et Partis de gauche ont évoqué le nombre de radiations. Mais ce n’est pas la bonne explication, car elles ont plutôt diminué (-0,7%) par rapport à 2004.
Examinons les chiffres : en un an, le nombre de Demandeurs d’emploi de catégorie 1 (recherche d’un travail à temps plein et à durée indéterminée = chiffre officiel du chômage) a diminué de 5,2% (-130 000). Dans le même temps, les Demandeurs de catégorie 3 (recherche de CDD ou d’intérim) augmentent de 4,6% (+13 800), et la catégorie 4 (demandeurs non immédiatement disponibles = les licenciés économiques adhérant à un Contrat de Réinsertion Personnalisé sont maintenant inscrits en cat. 4) augmentent de 10,2% (+48 000). Au total, le chômage toutes catégories ne diminue que de 2,2% (-88 700).
Autrement dit, une partie de cette baisse résulte du transfert de chômeurs de catégorie 1 vers d’autres catégories (3 et 4, en particulier).
Comment expliquer l’autre part ?
Selon les spécialistes de la démographie, la baisse du nombre de jeunes qui sont arrivés sur le marché du travail en 2005 a été d’environs 50 000 par rapport à 2004. Cela n’entraîne pas une baisse mécanique du chômage, puisqu’il y a des problèmes d’adéquation entre les besoins de qualifications et le niveau et les domaines professionnels des jeunes arrivant sur le marché. Cependant, on peut noter une baisse de 1,5% des inscriptions en 2005 par rapport à 2004 (68 000) qui marque l’impact de ce choc démographique qui commence à se faire sentir.
Enfin, il faut évaluer les effets du « plan Borloo ». Pour cela, il est difficile de considérer les motifs de sortie du chômage qui sont peu fiables. Par contre, on peut avoir une indication intéressante en comparant les offres recueillies par l’ANPE (qui enregistre la plupart des contrats aidés) entre juillet et décembre 2005 avec celles recueillies durant la même période de 2004. On peut observer une augmentation de l’ordre de 150 000 qui est due principalement aux Contrats d’Accompagnement dans l’Emploi (+139 000, après déduction des Emplois jeunes), secondairement aux offres d’emploi « normales » (+35 000) et marginalement des Contrats Nouvelle Embauche et des Contrats d’Insertion dans l’Emploi.
Par contre, on doit noter une baisse de 56 000 des offres de contrats aidés concernant les publics les plus en difficulté (CES, Contrats d’Avenir, …). Et pour confirmer ce constat, on peut observer une augmentation annuelle de 10,4% (+16 000) du nombre de Demandeurs ayant plus de trois ans de chômage !...

Dans les Pays de la Loire

La baisse du chômage officiel (catégorie 1) est plus faible qu’au national : -3,6% au lieu de 65,2%. Même constat pour le chômage toutes catégories (-1,3% au lieu de -2,2%). Comme au national, on observe un report du chômage de la catégorie 1 vers la catégorie 3 (intérim), mais pas vers la 4 (licenciés économiques en Contrat de Réinsertion Personnalisé).
Pour les offres enregistrées par l’ANPE, on peut noter un léger transfert des anciens Contrats de Qualification vers l’Apprentissage. L’augmentation du nombre d’offres recueillies (+7 500) provient principalement des CAE (4 500) et des offres « normales » (+3 000). Il faut noter la faiblesse relative du nombre de CAE par rapport au national : en estimant à 5% la part des Pays de la Loire par rapport au national, ce nombre devrait avoisiner les 7 000. C’est sans doute là une des causes de la baisse plus faible du chômage officiel dans notre région.
On peut noter, comme au national, une baisse des offres de contrats d’insertion concernant les chômeurs les plus en difficulté (-1 700) et une augmentation de 12,8% du nombre des Demandeurs ayant plus de 3 ans de chômage.