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"Relancer la production ? Surtout pas !"

samedi 4 avril 2020, par Patrick Cotrel - - -

Intéressant dialogue avec Bruno Latour, vendredi 3 avril à France Inter, sur les caractéristiques de la crise sanitaire actuelle et sur la sortie de crise,
Pour ré-écouter cette émission du 7-9h, cliquer ici et glisser le curseur pour arriver à 1h20 après le début de l’émission.
Bruno Latour est sociologue, anthropologue et philosophe des sciences.

Deux thèmes ont été abordées par Bruno Latour :
- La guerre contre le coronavirus : Pour Bruno Latour, cela n’a pas de sens, car nous vivons en symbiose avec une grande multitude de virus. On ne les détruit pas, mais on cohabite avec eux. Les supprimer est tout simplement impossible. Et chose curieuse, pour cohabiter avec lui, il faut être infecté par lui, soit par la maladie, soit par vaccin.
A l’époque romaine, par exemple, la diffusion de la peste profitait des voies romaine en Afrique et en Europe, mais de façon beaucoup plus lente.La spécificité de ce virus est sa capacité de diffusion très facilement de bouche à bouche. En quelques semaines, en profitant de la globalisation actuelle, il s’est répandu dans le monde entier ; et 70 % de l’activité économique s’est arrêtée.
Et cela, alors même que nous étions confrontés à la préparation d’une crise beaucoup plus grave : la disparition de la biodiversité et la crise climatique. Plus grave, car pour le coronavirus, on sait à peu près comment elle va s’arrêter ; alors que pour la crise climatique et de la biodiversité, on nous explique qu’il est impossible d’amorcer une décroissance des activités polluantes et émettrices de CO2...Et aujourd’hui, en deux mois, tout est arrêté ! "À tous les arguments des écologiques sur l’infléchissement de nos modes de vie, on opposait toujours l’argument de la force irréversible du « train du progrès » que rien ne pouvait faire sortir de ses rails, « à cause », disait-on, « de la globalisation ». Or, c’est justement son caractère globalisé qui rend si fragile ce fameux développement, susceptible au contraire de freiner puis de s’arrêter d’un coup."
- Relancer la production ? Surtout pas !
Ce serait idiot d’en être là et de ne pas en profiter pour réfléchir à ce qui est indispensable et ce qui ne l’est pas, à ce qui est dangereux pour notre avenir et qui doit être supprimé, réduit ou remplacé…
Mais il existe aussi un grand danger dans la situation actuelle, c’est que les ‘globalisateurs’ en profitent pour s’affranchir des contraintes qui subsistent encore à leurs profits. "L’occasion est trop belle, pour eux, de se défaire du reste de l’État providence, du filet de sécurité des plus pauvres, de ce qui demeure encore des réglementations contre la pollution (...)". Ainsi, Trump en a profité pour supprimer les contraintes réglementaires environnementales qui pesaient sur la production automobile et de carburants !
Au siècle dernier, c’est la question de la redistribution équitable des biens produits qui était posée. Mais aujourd’hui, la question de fond est de savoir ce qu’il faut produire et comment. Et ce débat ne peut pas être tranché pâr un grand dirigeant : chacun doit participer à la réflexion et s’y préparer pendant cette période de confinement.

Pour lire l’intervention de Bruno Latour dans AOC-média, cliquer ici.


Le 6 avril : Les ‘globalisateurs’ à l’oeuvre
L’annonce de Bruno Latour, prévoyant que ceux qu’il appelle les ‘globalisateurs’ vont profiter de la situation pour « se défaire du reste de l’État providence, du filet de sécurité des plus pauvres, de ce qui demeure encore des réglementations contre la pollution » se trouve vérifié.
Dans Ouest-France de ce 6 avril énumère ces mesures déjà prise dans le monde :
- L’Etat américain vient de suspendre les lois environnementales traitant de la pollution de l’air et l’eau. L’administration Trump a également réduit les normes d’émission polluantes des voitures.
- Au nom de la crise sanitaire, la Pologne et la République Tchèque demandent l’abandon du pacte vert européen qui doit faire émerger une économie post-carbone.
- L’Indonésie a supprimé le contrôle sur le bois précieux des forêts tropicales commercialisé. Autrement dit, la fraude est légalisée…
- En France, dans plusieurs grandes villes comme à Paris, il n’y a plus de tri des déchets recyclables. D’autre part, les très petites avancées sur l’épandage des pesticides de synthèse (recul de 5 ou 10 mètres des habitations) sont remises en cause par la FNSEA. Et c’est déjà le cas dans 25 départements du Grand Ouest !

Les pollueurs ne renoncent jamais ! A nous d’être vigilants dès maintenant.

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