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Réchauffement climatique : y-a-t-il un point de non retour ?

samedi 23 septembre 2023, par Patrick Cotrel - -

Une question loin d’être théorique :
On le sait, plus on tarde à réduire nos émissions de GES, plus les efforts seront coûteux en moyens à engager.
Mais à partir de quel moment le retour en arrière et le retour à une situation « vivable » restera-t-il possible ?
Etant donnés les atermoiements (au mieux), masqués par de beaux discours, de la plupart des dirigeants politiques, ou carrément du négationnisme de beaucoup d’autres, la question devient légitime.
C’est pourquoi certain scientifiques travaillent sur « l’effet de bascule », c’est-à-dire le moment où la situation climatique devient hors de contrôle.
Mais pour cela, ils ne partent pas de zéro.

L’histoire de la terre :
A l’échelle de plusieurs centaines de millions d’années, elle comporte plusieurs épisodes de grandes extinctions des espèces vivantes dus à des fortes variations des conditions climatiques.
Un exemple : Il y a 270 millions d’années, les éruptions d’un nombre élevé de volcans a provoqué des dégagements de CO2 et de poussières, développant un phénomène d’effet de serre. Une élévation initiale de 3°C a déclenché la fonte des terres gelées (pergélisol) contenant des masses importantes de méthane. On a bien eu un effet de bascule (le méthane provoque un effet de serre beaucoup plus important que le CO2), et l’élévation a la surface de la terre est monté à 8°C, provoquant la disparition de 95 % des espèces vivantes ! Mais à l’époque, tout cela c’est déroulé sur plusieurs siècles, alors que le réchauffement actuel ne se fait que sur quelques dizaines d’années !
Sommes-nous aujourd’hui menacés par un tel emballement, et à partir de quel seuil ?

Des signes alarmants :
Aujourd’hui, la fonte de la calotte glaciaire du Groenland a commencé et va se poursuivre, même si nous arrêtions complètement nos émissions de CO2. La question est de savoir sur combien de temps cette fonte va se produire : rapidement ou sur 1000 ans ? Il faut savoir que les glaces du Groenland représentent l’équivalent de 7 mètres d’élévation du niveau de la mer !
D’autres points de bascule sont menaçants : la fonte du pergélisol ,bien entendu. Et les incendies dans le Nord du Canada et des USA ont une forte tendance à se prolonger. Ces sols contiennent une énorme réserve de méthane et de carbone, qui peut se libérer....
Deux autre questions inquiètent les scientifiques : le dépérissement de la forêt amazonienne et la mort lente des récifs coralliens.
Voir sur ce sujet le dossier publié dans Ouest-France du 29 août 2023.

Des discours pas à la hauteur, des actes encore moins…
Il est plus qu’urgent que nos sociétés se désengagent le plus vite possible des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz). Et cela ne peut se faire qu’avec un fort accompagnement et des incitations des Etats, en particulier pour :
- les déplacements : fort développement des transports en commun, baisse drastique des déplacements aériens, développement des déplacement doux et décarbonés, …
- les logements et bâtiments : isolation, développement des pompes à chaleur, …

Tout cela suppose une loi de programmation de l’énergie, ce que le gouvernement n’a toujours pas présenté au parlement.

Pourtant, les gouvernements des pays les plus développés continuent à subventionner les énergies fossiles, comme le montre le graphe suivant publié par Ouest-France le 30 août 2023.

Quelques remarques complémentaires :
- En 2021, RTE (Réseau de Transport d’Electricité) a présenté une analyse qui insistait sur la nécessité de développer rapidement les énergies renouvelables dans les toutes prochaines années : les investissements sont moins important que pour le nucléaire, plus rapides à mettre en œuvre et le prix de l’électricité est moins chère.
- En attendant, il est nécessaire de prolonger la durée de vie des (anciennes) centrales nucléaires, à condition que les conditions de sécurité soient réunies. Et ce n’est pas en supprimant l’IRSN, comme le gouvernement veut le faire, que ces conditions seront réunies…
- Quant au nucléaire, qu’il soit nouveau ou ancien, un nouveau développement souhaité par le gouvernement pose de nombreuses interrogations :
-* L’approvisionnement en uranium : L’usine Orano située au Niger vient d’arrêter sa production (cela représente 40 % du total utilisé en France et le reste vient de pays sous domination russe).
-* Les déchets hautement dangereux pour très longtemps s’accumulent déjà dans les piscines des actuelles centrales. Que faire d’une nouvelle vague ? Jeter des fûts dans l’océan ? C’est maintenant interdit. Les enterrer (en priant Dieu qu’il n’y ait aucun mouvement géologique) ? C’est un risque nouveau…
-* Le refroidissement des centrales : Comme toute chaudière, les centrales nucléaires doivent être refroidies sous peine d’explosion. Il faut donc beaucoup d’eau, qui se trouve réchauffée en sortie et menace la biodiversité. Or le réchauffement climatique va rendre ce problème encore plus sensible : déjà plusieurs centrales françaises ont du s’arrêter au moment des fortes chaleurs.
-* Reste aussi un fort doute sur la technologie déployée, puisque l’EPR de Flamanville ne fonctionne toujours pas et accumule les surcoûts et les retards.
-* Enfin, il est maintenant évident que le coût total de l’électricité nucléaire est aujourd’hui nettement plus chère que l’électricité issue des énergies renouvelables. Les dernières évaluations (cf Ouest France du 22 sept.) confirment celles plus anciennes de l’Agence Internationale de l’Energie : selon EDF, le coût de l’électricité nucléaire tourne entre 69,9 et 74,8 € par mégawatt heure, contre 30 à 60 € pour l’éolien et 35 € pour le photovoltaïque.

Les conclusions de ce développement sont claires : l’urgent (et le moins cher), c’est de développer les énergies renouvelables. En s’entêtant dans la filière nucléaire, Emmanuel Macron nous mène dans une impasse technologique et financière.

Voir à ce sujet la pétition de 1000 scientifiques contre le nucléaire, en cliquant ici.

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