Les catégories du chômage :
Les demandeurs d’emploi de catégorie A, B et C sont tous privés d’emploi, à la recherche d’un emploi à temps plein, à durée indéterminée et immédiatement disponibles. Mais la différence c’est que ceux relevant de la catégorie A n’ont effectué aucun travail au cours du mois, alors que ceux comptabilisés en catégorie B ou C ont effectué quelques heures ou quelques jours de travail au cours du mois (des « petits boulots »).
Bien entendu, pour un demandeur d’emploi, il est moins désespérant d’avoir des bouts d’activité. Mais la précarité et l’appauvrissement qui vont avec font bien partie intégrante du phénomène du chômage.
Il est donc indispensable de raisonner sur l’ensemble des chiffres des demandeurs de catégories A, B et C, et pas seulement de la catégorie A, comme c’est l’habitude du ministère et des médias.
« Flux » et « stock » :
Le seul chiffre commenté est habituellement le nombre de demandeurs en fin de mois.
Mais cela ne rend pas compte que le chômage est un phénomène dynamique : les entrées et sorties du chômage sont beaucoup plus importantes que ce qu’on imagine habituellement.
On peut utiliser l’image du lac, avec une rivière à l’entrée (flux entrant) et une rivière à la sortie (flux sortant). La hauteur du lac est la résultante de ces deux flux, mais n’en rend pas réellement compte : les flux annuels (6,378 millions entrant et 6,290 millions en sortie) sont plus importants que la hauteur du lac (5,480 millions).

Ne parler que du « stock », sans parler des mouvements du chômage est une erreur importante, d’autant qu’on peut différencier les motifs : entrées pour perte d’emploi, première entrée (jeunes), reprise d’emploi (après période de non activité), … sorties pour reprise d’emploi, entrée en stage de formation professionnelle, maladie…
Et justement, si on examine les motifs des mouvements, on a des surprises…

Des chiffres sans lien avec la situation de l’emploi :
Les chiffres mensuels font du yo-yo chaque mois, principalement en raison des variations très importantes des "absences de pointage" (comme je l’ai souligné dans mes commentaires mensuels).
Le graphique ci-contre montre que depuis janvier, les variations du chômage (cat A, B et C), en bleu sur le graphique, sont très peu influencés par les sorties du chômage pour reprise d’emploi (en vert). Par contre, on a une corrélation évidente avec les variations des absences au pointage (en rouge).
Selon Ouest France (citant l’OFCE), la cause probable de ce phénomène est le changement des dates durant lesquelles il faut "pointer" : les incertitudes sur ces dates d’un mois sur l’autre induiraient un nombre élevé d’erreurs.
Comment suivre les évolutions :
Si on veut avoir une chance de suivre la tendance du chômage, il est important d’examiner l’évolution du chômage de catégories A, B et C sur un an (pour éliminer les variations saisonnières et les aléas conjoncturels). La courbe du pourcentage d’évolution sur un an nous donne une tendance, même s’il est prudent de regarder les flux, ainsi que les offres d’emploi recueillies par Pôle Emploi.

Quoiqu’il en soit, même si l’évolution du chômage de cat A est en baisse depuis avril dernier, on est toujours en hausse pour les catégories A, B et C.
Difficile, dans ces conditions, d’affirmer qu’il y a une nette amélioration de l’emploi.

10 nov. 2016
Patrick COTREL
Ancien Conseiller technique auprès du directeur régional de l’ANPE, ancien Vice-Président du Conseil régional des Pays de la Loire (chargé de l’Apprentissage, de la Formation professionnelle et des Politiques de l’emploi)