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Programmes électoraux et visions du monde

mercredi 12 mars 2014, par Patrick Cotrel - - -

Un programme politique, même municipal, fait implicitement référence à une vision du monde, c’est-à-dire à une conception des rapports entre les individus qui composent la société (entre eux), et de cette société avec le monde qui l’entoure, ainsi que de la façon dont tout cela doit évoluer.

Or aujourd’hui, on a du mal à retrouver dans les programmes des listes présentes à Sainte-Luce une vision vraiment conforme aux réalités de notre époque. Quelles sont ces grandes conceptions ?
La conception productiviste :
A partir du XIXème siècle, le monde occidental a connu un développement technologique, industriel et de la productivité du travail sans précédent. Cela s’est fait sur le dos de la classe ouvrière qui s’est organisée pour résister et mettre en cause cette exploitation. Mais le point commun entre les capitalistes et le mouvement ouvrier, c‘était la croyance que les ressources et les bienfaits de la « nature » sont sans limite et sans valeur, et que, finalement, le développement de la science et de la technique permettront d’apporter le bonheur à tout le monde.
Les limites du productivisme :
La seconde moitié du XXème siècle a vu l’irruption brutale des limites de la « nature » : l’épuisement d’un certain nombre de ressources est en vue (comme le pétrole), la « nature » n’arrive plus à absorber les déchets et les pollutions produites par la société industrielle, les énormes quantités d’énergies fossiles consommées (avec les dégagements de CO2) ont fini par modifier la composition de l’air et vont provoquer des bouleversements climatiques aux conséquences très graves, ainsi qu’une énorme perte de la biodiversité déjà à l’œuvre.
Une vision écologique du monde :
Si nous ne voulons pas léguer à nos enfants un monde invivable, on ne peut plus envisager la "croissance" ou le "progrès" sans poser simultanément la question de notre «  empreinte écologique  », c’est-à-dire les conséquences de cette "croissance" vis-à-vis de l’épuisement des matières premières (pétrole, métaux, terres rares, ressources agricoles, …) et de la capacité de la nature à éliminer nos déchets et rejets. On ne peut pas parler du "progrès" sans poser simultanément la question des moyens de protéger la biodiversité dont l’avenir de notre espèce dépend.
Et cela amène à remettre en cause une conception de l’espèce humaine qui doit dominer le monde pour mieux le mettre à son service, grâce à son intelligence et sa technique.
Au contraire, nous sommes une espèce vivante parmi les autres ; et notre destin et celui de nos enfants leur sont intimement liés. Il n’y a pas l’humanité d’une part et les bêtes de l’autre, la ville et la campagne, la civilisation et la jungle. Pour parler local, la nature existe aussi en ville, des espèces "sauvages" sont présentes en milieu urbain et le but des humains n’est pas de les éliminer !
Quelques exemples :
- Dans cette vision écologique, limiter la logique des trames vertes et bleues aux seules zones naturelles ou encore rurales est très réducteur : la logique de protection de la biodiversité doit aussi guider les projets urbains. Les sources de biodiversité (mares, zones humides, prairies sauvages, …) ne peuvent survivre que si elles ne sont pas isolées, mais en relation avec d’autres sources de biodiversité grâce à des corridors écologiques (ruisseaux, haies bocagères, continuités enherbées, …). Le recensement de ces corridors écologiques est maintenant obligatoire dans les Plan Locaux d’Urbanisme. Mais les sources de biodiversité existent aussi en zone urbaine (mares, talus, …).
- Dans cette vision écologique, en appeler "à la croissance" comme seule solution pour réduire le chômage relève d’une logique très productiviste qui mène à une impasse. Qu’on le veuille ou non, la croissance des "30 glorieuses" (de 1945 à 1975) ne reviendra pas. Et heureusement, vue la dégradation de l’environnement que cela a entrainé : dérèglements climatiques, épuisement des ressources naturelles,… Il faut donc concentrer de façon très sélective les investissements sur des activités qui vont nous conduire à moins polluer et moins consommer de l’énergie (énergies renouvelables, isolation des bâtiments, développement des transports en commun, …).
C’est aussi à l’aide d’une vision écologique globale qu’on peut examiner les programmes électoraux pour les municipales.

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