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Chaque mois, le mensuel ’Alternatives économiques’ ouvre une rubrique intitulée ’opinions’, où des experts ou des journaliste expriment leur opinion.
Dans le dernier N° (mai 2022), deux ’opinions’ me paraissent particulièrement intéressantes.
Ci dessous des extraits de ces interventions.

Représenter le peuple ou représenter les individus

Par François Dubet, sociologue

"La majorité des électeurs d’Emmanuel Macron soutenait moins le candidat et son programme qu’elle ne rejetait Marine Le Pen et l’extrême droite. Les électeurs de Marine Le Pen adhéraient moins à son programme qu’ils ne haïssaient Emmanuel Macron. Pris en étau entre ce double rejet, bien des électeurs ont décidé de ne pas voter. A terme, sommés de choisir entre une rationalité technocratique libérale et un populisme iIlibéral, bien des Français ne se sentiront pas représentés. Et comme il est peu vraisemblable que les élections législatives donnent au vainqueur une majorité assurée, il y a peu de chances que les Français se sentent mieux représentés demain qu’ils ne le sont aujourd’hui."
(...)
"L’enjeu essentiel est de construire un nouvel imaginaire de la solidarité, c’est-à-dire un mode de négociation des conflits sociaux et des demandes sociales.
La balle est dans le camp de la gauche, et pas seulement pour finir par s’accorder sur l’Europe, l’écologie ou la laïcité... Il importe avant tout de reconstruire un mode de représentation démocratique dans une société fractionnée : quelle place donner à la démocratie directe, aux mouvements sociaux et aux syndicats, comment décentraliser vraiment, comment construire une solidarité quand nous savons bien que nous devrons partager les sacrifices plus que la croissance ? En dépit de l’excellence des programmes, si ce travail n’est pas entrepris dès demain, nous repartirons pour un tour, et ça finira mal.
"


L’Europe choisit- elle ses réfugiés ?

Par Bénédicte Manier, journaliste

"Vêtements, nourriture, offres d’hébergement et accueil par les autorités locales : un remarquable élan de solidarité se manifeste à l’égard des réfugiés ukrainiens partout en Europe, de la Pologne à l’Irlande. Mais au-delà de l’indignation suscitée par l’agression russe du 24 février et de l’émotion légitime due au retour de la guerre en Europe, on peut s’interroger sur le contraste entre cette hospitalité spontanée envers quatre millions d’exilés ukrainiens et la réticence de nombre de pays de l’Union européenne à accueillir en 2015 des immigrants venus de pays du Sud, pourtant quatre fois moins nombreux.
A l’époque, l’arrivée dans l’espace Schengen d’un million de Syriens fuyant leur pays en guerre (et lui aussi pilonné par des bombes russes), d’Afghans et d’Irakiens victimes de la guerre civile et d’Erythréens fuyant la dictature a été qualifiée de « crise migratoire ».
L’Union a alors tenté de répartir les arrivants par quotas entre les Etats membres, avant d’y renoncer devant l’hostilité de plusieurs pays. Certes, l’Allemagne a finalement reçu 1,8 million de demandes d’asile de 2015 à 2019. Mais un accord conclu entre l’Union européenne et la Turquie a ensuite permis de renvoyer vers les rives turques les réfugiés en route vers les îles grecques.
Le contraste est particulièrement net pour la Hongrie de Viktor Orban. En 2015, elle avait refusé de traiter toutes les demandes d’asile effectuées sur son sol. Mais aujourd’hui, elle ouvre les bras aux Ukrainiens.
De même, à l’été 2021, la Lituanie, la Lettonie et la Pologne avaient fermé leurs frontières, à l’aide de barbelés et de gardes armés, à plusieurs milliers de réfugiés irakiens, syriens et afghans. Leur arrivée était certes téléguidée par la Biélorussie dans le but de provoquer une « crise des migrants » aux portes de l’Union. Mais ces réfugiés n’en avaient pas moins besoin d’une terre d’accueil. La plupart ont fini par être éloignés des frontières européennes.
Certes, l’Union européenne a attribué une protection à un peu plus de 281 000 personnes en 2020, en premier lieu des Syriens et des Afghans. Mais la même année, plus de 472 000 autres demandes d’asile avaient été déposées sur son territoire. Et elle vient d’attribuer aux Ukrainiens une protection temporaire qui leur donne accès au marché du travail, alors que les demandeurs d’asile, eux, ne peuvent pas travailler. Les Ukrainiens peuvent aussi circuler gratuitement sur les lignes ferroviaires en Europe. Ce qui a poussé le syndicat CGT des cheminots à appeler à la gratuité des trains pour tous les réfugiés en remarquant au passage que « se développe une petite ambiance : "il Y a des bons et des mauvais réfugiés" »,
Si l’offensive militaire russe nécessite que l’Union ouvre grand ses portes, ces distinctions dans les modalités d’accueil soulèvent des questions. N’y a-t-il pas, chez les Vingt-Sept, des arrière-pensées sur le retour des uns, à terme, dans leur pays proche et sur l’installation durable des autres ? Ainsi qu’une préférence assumée pour certaines cultures et religions ?
"

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