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Nous sommes déjà dans "l’après-crise"...

mardi 14 avril 2020, par Patrick Cotrel - -

Depuis le début du mandat présidentiel, le gouvernement a développé une politique antisociale (précarisation des contrats de travail, réduction des moyens financiers aux services publics, réduction de l’APL, des indemnités chômage, réforme des retraites, …), qui a augmenté les inégalités (suppression de l’ISF, …) au profit des « premiers de cordée ».
Cela a entraîné plusieurs conflits sociaux majeurs : Gilets jaunes, retraites, hôpitaux…
Ces conflits n’ont pas été victorieux, mais il s’en est suivi une ambiance de mécontentement latent et de défiance par rapport au gouvernement et au Président.

La crise sanitaire : un révélateur social ?
Dès le début, la crise sanitaire a mis en évidence le problème des capacités d’accueil des hôpitaux qui avaient été dénoncés par le mouvement de lutte des soignants (en particulier des Urgences).
Conscient de ce profond malaise, le gouvernement a mis en place un plan de financement massif (en particulier par le chômage partiel – méthode déjà expérimenté avec succès par l’Allemagne après la crise financière de 2008), afin de protéger les emplois et les entreprises. Et il a été obligé de promettre la mise en place, après la crise sanitaire, d’une remise à flot du financement des hôpitaux, et peut-être même des autres services publics.
Mais le financement, très positif, du chômage partiel pour les salariés a, en creux, mis en évidence la situation très alarmante de tous ceux qui ont un statu plus ou moins précaire.
Sous la pression des syndicats, le gouvernement a reporté à septembre le nouveau barème d’indemnisation du chômage qui sanctionne durement les chômeurs qui acceptent des ’petits boulots’ de quelques heures ou quelques jours dans le mois (intérimaires, CDD très courts, …, qui se retrouvent sans rien). Mais pourquoi ce nouveau barème n’est-il pas simplement annulé et ouvert à de nouvelles négociations ? Alors que les économies visées par le gouvernement ne sont que de 4,3 milliards €, soit un coût sans commune mesure du coût de l’ensemble du dispositif annoncé.
Mais les précaires, c’est aussi la grande masse des ‘autoentrepreneurs’, des livreurs et des conducteurs à leur compte, (…), dont le nombre a beaucoup augmenté au cours de la dernière année…
N’oublions pas, non plus, les bénéficiaires des minima sociaux : lorsqu’on a des revenus convenables et assurés, le confinement n’est pas un épreuve financière, puisqu’on dépense moins. Mais ceux qui n’ont qu’un tout petit minimum ont toujours besoin de ce petit minimum pour survivre !
Enfin n’oublions pas les artisans et commerçants qui exercent dans des activités non prioritaires, et pour qui le report de certaines charges ne suffit pas à compenser l’absence complet de rentrées.
Malgré les promesses (assez vagues) de prise en compte de ces situations faites par le président lundi soir, on se prend à rêver d’un plan à la japonaise (voir l’éditorial de Jean-Pierre Bouissou dans Ouest-France du lundi 13 avril) où tous ceux qui ont perdu 20 à 50 % de leurs revenus bénéficient d’une aide individuelle importante de l’État pour survivre…
Résumons. Tous les travailleurs de l’ombre du secteur médical aides soignants, aides à la personne, caissiers des super marchés, éboueurs, maraîchers, (…), qui ne bénéficiaient d’aucune considération et dont l’activité était réputée coûter trop cher, se retrouvent en première ligne pour permettre à tous de survivre. Les vagues promesses du président pour l’après crise ne va sans doute pas leur suffire…
Et à l’autre bout, tous ceux qui étaient censés représenter la partie ‘active’ de la société, celle qui prend des risques et qui innove (…) se retrouve fac à la réalité de leur absence de statu et de protection…
C’est une partie de tous ceux là qui se sont retrouvés dans le mouvement des Gilets Jaunes. Et leur confiance en la parole du Président n’est certainement pas renforcée…

Et l’écologie, dans tout çà ?
Il ne faut pas oublier les nombreuses mobilisations pour la sauvegarde du climat et de la biodiversité, l’« Affaire du siècle » (plus de 2 millions de signatures), les marches pour le climat des jeunes et des adultes, les coquelicots, … qui traduisent la conscience de plus en plus partagée des dangers écologiques qui nous menacent.
Malgré cela, le gouvernement n’a réellement pris aucune mesure sérieuse à la hauteur de l’enjeu : non tenus, nos engagement concernant les gaz à effet de serre lors de la COP21 de Paris ; envolés, les objectifs de diminution des pesticides dans l’agriculture ; …
Ce n’est pas la crise sanitaire qui va effacer cette conscience, d’autant que le lien avec le défrichage de la forêt primaire est probable.
De plus, on constate que les productivistes sont déjà à l’œuvre pour profiter de cette crise pour faire tomber les rares contraintes environnementales qui ont été prises : la FNSEA réclame (et obtient dans plusieurs dizaines de départements) l’annulation de la distance de 5 à 10 mètres pour l’épandage des pesticides ; Airbus a obtenu des masques chirurgicaux pour redémarrer des ateliers de montage, … alors que la plupart des avions sont cloués au sol et qu’il s’agit d’un mode de déplacement polluant et bénéficiant de détaxations ; Et dès maintenant, les libéraux commencent à dire qu’il faudra travailler plus (donc « assouplir » les règles du travail en conséquence) pour rembourser la dette ;...
Ce qui se passe aux USA, en Pologne, en République tchèque, en Indonésie, … montrent que les productivistes et les industries polluantes sont à l’œuvre pour lever tous les obstacles…
Sans attendre la fin de la crise sanitaire, c’est dès maintenant que la lutte pour la transition écologique commence à se jouer !

Une gestion de la crise sanitaire problématique :
L’affaire des masques a été très révélatrice. Pas de stock de masques en début de crise. Le gouvernement actuel n’en porte pas la seule responsabilité : ce sont les précédents qui avaient décidé de ne pas le renouveler. Ensuite, la recherche de masques au niveau international n’a pas été à la hauteur de l’évènement et a été chaotique.
Mais le plus grave, c’est que le gouvernement a nié l’absence de stock et a menti sur l’utilité sanitaire de ces masques : fin janvier, la ministre de la santé a déclaré que ces masques étaient inutiles et affirmé que les stocks existaient (ce qui était faux) !
Cela ne va pas dans le sens de l’établissement d’une confiance indispensable dans la période actuelle...

Conclusions provisoires :
Il n’est bien entendu pas question de remettre en cause les mesures de confinement et les gestes « barrière ». Et nous espérons tous que le calendrier de dé-confinement sera adapté à la situation.
Mais il faut reconnaître que la défiance sociale et écologique vis à vis de ce gouvernement est plus que jamais présente dans la population. (cf le récent sondage de l’IFOP des 8 et 9 avril : voir shéma).

Il y a de fortes chances pour que la sortie de crise s’accompagne de vifs débats, et peut-être même de crises sociales.
C’est donc dès maintenant que des instances de réflexion et de débat (comme le Conseil de développement de Nantes) peuvent ouvrir un champ de travail.

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