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Les chiffres de Pôle Emploi en avril 2022 : un virage ?

jeudi 9 juin 2022, par Patrick Cotrel - -

Ces chiffres d’avril 2022 marquent une rupture avec les tendances observées depuis de nombreux mois. C’est sans doute la résultante des contre-coups de la guerre en Ukraine, mais aussi de la réforme de l’indemnisation qui se met progressivement en œuvre.

Une conjoncture économique qui change :

Depuis un an (avril 2021), le nombre de chômeurs de cat A baisse régulièrement, mois après mois. Le mois d’avril 2022 marque une rupture et ce nombre de chômeurs de cat.A connaît une hausse par rapport à mars 2022. C’est une hausse assez modeste (+14 600 personnes), mais qui est confirmée par une baisse des offres d’emploi recueillies par Pôle Emploi : -24 000 offres par rapport à mars. Autre confirmation : le nombre d’intérimaires a, lui aussi, baissé de 29 000 en février par rapport à janvier (dernier mois connu). Enfin, les flux des entrées/sorties du chômage indiquent qu’entre mars et avril 2022, il y a eu 11 700 entrées au chômage pour sortie d’emploi, mais seulement 3 000 sorties du chômage pour reprise d’emploi.
Cela marque bien un changement économique, qui se traduit par une augmentation des prix à la consommation et un manque de certains produits (composants électroniques, matériaux de construction, …) et matières premières premières (pétrole, gaz, blé, bois,...), sur fond de guerre en Ukraine.

Les conséquences de la ‘réforme’ de l’indemnisation des chômeurs :

Un autre changement dans ces chiffres du chômage doit retenir l’attention. Depuis un an, la baisse continuelle du nombre de chômeurs de cat.A s’accompagne souvent d’une hausse (plus légère) du nombre de chômeurs de cat. B et C (= qui ont accepté de prendre un ‘petit boulot’ de quelques heures ou quelques jours au cours du mois).
Mais cette fois-ci, on a une petite hausse des cat.A (voir plus haut), mais une plus forte baisse des cat. B et C : -53 000 !
De plus, si on regarde les flux des entrées/sorties du chômage, on remarque une très forte hausse des sorties du chômage pour défaut d’actualisation (non pointage ou non réponse à convocation) : 32 000 de plus qu’en mars 2022 : une telle augmentation n’a jamais été observée depuis 2013 au moins.
Ces deux observations incitent à penser que de nombreux demandeurs d’emploi sont découragés par le nouveau système d’indemnisation qui pénalise les chômeurs de cat. B et C.
Explications.
- Pour pouvoir prétendre à une indemnisation chômage dans l’ancien système, il fallait avoir travaillé 4 mois (sur les 28 derniers mois) ; maintenant il faudra avoir travaillé 6 mois sur les 24 derniers mois. Cela veut dire que pour beaucoup de jeunes, à qui des emplois précaires sont surtout proposés, l’absence de ressources, la pauvreté, vont encore durer plus longtemps.
-  Pour encourager les chômeurs à accepter un contrat court, plutôt que de rester au chômage, la durée des droits à une indemnisation était prolongée (rechargés) à partir d’un mois de travail. Mais le nouveau règlement précise qu’il faudra 6 mois de travail pour que les droits soient rechargés (=comme si on repartait à zéro). Or presque la moitié des offres d’emploi sont de moins de 6 mois !
-  dans le nouveau règlement, l’indemnité de chômage ne sera plus calculée sur la rémunération moyenne journalière, mais sur la rémunération mensuelle moyenne (avec weekend et jours fériés). L’UNEDIC a calculé que plus d’un million de demandeurs d’emploi verront leur indemnité de chômage baisser de plusieurs centaines d’€ par mois, une fois le nouveau système mis en place.
- Ajoutons que, du fait de la crise sanitaire, la mise en application de certaines disposition de cette réforme ont été différées et sont rentrées progressivement dans les faits. Mais elles sont aujourd’hui pleinement en application. Dans ces conditions, pour des jeunes en emploi précaire en particulier, l’utilité de ‘pointer’ chaque mois pour espérer une indemnisation si faible et si lointaine n’apparaît plus comme évidente…

La régression sociale organisée par le pouvoir macroniste :

D’une façon très systématique, le pouvoir macroniste distribue les exonérations de ‘charges sociales’ (pour les bas salaires, pour les primes exceptionnelles jusqu’à 6 000€, …).
Soulignons tout d’abord qu’il ne s’agit pas de charges, mais d’un salaire différé d’assurances sociales, qui devait être géré par les partenaires sociaux.(l’UNEDIC pour l’assurance chômage).
Soulignons ensuite que l’État qui décide de ces exonérations, ne rembourse pas du tout le manque à gagner de cotisations aux caisses concernées. Il en résulte, bien entendu, un déficit de ces caisses (UNEDIC, CAF, retraites,…). C’est alors que l’État macronien reprend la main « pour sauver ces régimes sociaux », et décrète unilatéralement une baisse des prestations sociales.
C’est très exactement ce qui s’est passé pour l’assurance chômage : dès l’été 2019, le gouvernement avait bien marqué sa volonté : diminuer l’indemnisation des chômeurs à hauteur de 3,5 milliards € en deux ans !

Pour relire l’article analysant cette « réforme », cliquer ici

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