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Les "Panama papers"

mardi 5 avril 2016, par Patrick Cotrel -

L’étude d’avocats fiscalistes Mossack Fonseca a été créée en 1977 par deux avocats : L’un, Jürgen Mossack, est un Panaméen d’origine allemande, fils d’un ancien officier de la Waffen-SS, selon des documents des services de renseignement de l’armée américaine, obtenus par Le Monde et ICIJ. L’autre, Ramon Fonseca Mora, est panaméen, depuis toujours proche des milieux politiques. Conseiller personnel du chef de l’Etat, Juan Carlos Varela, il assiste au Conseil des ministres. Depuis le grand scandale de corruption Petrobras au Brésil en mars dernier, dans lequel son cabinet semble mouillé, Ramon Fonseca a démissionné de ce poste de conseiller du Président.
Ce cabinet s’est spécialisé dans le business des shell companies, ces sociétés-écrans immatriculées dans des juridictions opaques d’un bout à l’autre de la planète... Une histoire gangrenée par la corruption et l’argent sale depuis les années.
"Au Panama, en matière de blanchiment, on fait tout : on lave, on rince et on sèche" dit un connaisseur panaméen.
Comment l’affaire éclate
- Le Monde et 108 autres rédactions dans 76 pays, coordonnées par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), ont eu accès à une masse d’informations inédites : 11,5 millions de fichiers proviennent des archives du cabinet panaméen Mossack Fonseca entre 1977 et 2015. Il s’agit de la plus grosse fuite d’informations jamais exploitée par des médias.
- Les "Panama papers" révèlent qu’outre des milliers d’anonymes de nombreux chefs d’Etat, des milliardaires, des grands noms du sport, des célébrités ou des personnalités sous le coup de sanctions internationales ont recouru à des montages offshore pour dissimuler leurs actifs.
Mossack Fonseca a bâti des sociétés-écrans pour l’entourage du président russe, Vladimir Poutine, ou le cousin du président syrien, Bachar Al-Assad, mais aussi pour des politiques poursuivis pour blanchiment de fraude fiscale.
Plus de 1000 français sont cités dans ces documents, dont Michel Platini, Patrick Balkany, Jérôme Cahuzac, mais aussi Patrick Drahi (propriétaire du groupe Numericable-SFR et actionnaire de nombreux médias : "Libération", "L’Express", BFMTV...), Jérôme Valcke, ex-secrétaire général de la Fifa (licencié mi-janvier après avoir été mis en cause dans une affaire de revente de billets du Mondial-2014), Ziad Takieddine (l’homme d’affaires au coeur de l’affaire Karachi), Arnaud Claude (associé de Nicolas Sarkozy dans le cabinet d’avocats d’affaires Claude & Sarkozy), …
Le Front national mouillé :
"Un système offshore sophistiqué aurait été mis en place par des proches de Marine Le Pen, affirme ce mardi « Le Monde » en s’appuyant sur les documents des "Panama papers". (Les échos)
Selon le quotidien, ce système, "organisé par le premier cercle de fidèles de la présidente du Front national", "a été utilisé pour sortir de l’argent de France, au moyen de sociétés-écrans et de fausses factures avec la volonté d’échapper aux services antiblanchiment français".
Au centre de ce dossier : Frédéric Chatillon, un proche de Marine Le Pen et patron de la société Riwal, prestataire du FN, mis en examen, de même que cinq autres personnes physiques et trois personnes morales, dans l’enquête sur le financement des campagnes électorales du Front national de 2012.
La Société Générale :
La Société générale, l’une des grandes banques françaises, est l’un des principaux clients de Mossack Fonseca, comme le révèlent les "Panama papers" et l’enquête du Monde.
Ce n’est pas au siège parisien de la banque que s’organise ce business offshore, mais dans ses filiales en Suisse, au Luxembourg et aux Bahamas, loin des projecteurs et à distance du superviseur bancaire français. Au total, la Société générale compte à son actif 979 sociétés offshore, immatriculées par Mossack Fonseca, derrière la britannique HSBC (2 300 sociétés), les suisses UBS (1 100 sociétés) et Crédit Suisse (1 105 sociétés), toutes trois poursuivies dans des scandales de fraude fiscale.
Toutes bâties sur le même modèle, les entités créées font appel à des prête-noms (dirigeants et actionnaires fictifs), allant parfois jusqu’à les empiler à tous les étages de responsabilité. La volonté d’opacifier au maximum les montages, afin qu’il soit compliqué voire impossible de remonter à l’identité des vrais propriétaires, y est manifeste.
La position de François Hollande :
Après les révélations massives des "Panama papers", François Hollande a adressé ses remerciements aux lanceurs d’alerte, appelant même à leur protection :
"C’est grâce à un lanceur d’alerte que nous avons maintenant ces informations. Ces lanceurs d’alerte font un travail utile pour la communauté internationale, ils prennent des risques, ils doivent être protégés."
Mais alors, pourquoi a-t-il refusé l’asile politique en France à Edouard Snowden et Julian Assange ???
De plus, au niveau européen, un projet de directive sur le secret des affaires risque de fortement diluer cette garantie, plaident collectifs et journalistes.
Les signataires de la pétition d’Elise Lucet craignent que, sous couvert de protéger les entreprises, ce texte n’empêche les journalistes de faire leur travail, et notamment de révéler des informations compromettantes sur celles-ci.
Quelle va être la position du gouvernement français par rapport à ce projet de directive ???

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