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Le dernier "plan emploi" de François Hollande

jeudi 21 janvier 2016, par Patrick Cotrel

Ce plan annoncé par François Hollande comprend deux mesures principales.

La formation professionnelle de 500 000 chômeurs de plus :
Cela coûterait 1 Milliard € par an et porterait le nombre de chômeurs bénéficiaires de formation professionnelle à 1 million par an.
Les critiques sur cette mesure portent sur les conséquences sur les chiffres du chômage : un chômeur qui entre en formation n’est plus disponible immédiatement et change de catégorie de chômage. Il passe en catégorie D et n’est donc plus comptabilisé en catégorie A, ni en B ou C pendant de la formation.
Cependant, on ne peut que se réjouir que soient proposées des formations (si elles sont réellement qualifiantes – et si possible diplômantes) aux chômeurs qui sont pour une bonne part non qualifiés.
De plus, on a les moyens statistiques de suivre la comptabilisation des entrées en formation des chômeurs de cat A, B et C et l’augmentation correspondante de la cat D, comme le montrent les courbes à droite : on y voit, par exemple, que le changement dans la comptabilisation des changements de catégorie vers la cat D en juin 2015 a provoqué une hausse « artificielle » des entrées en formation et des catégories D, ainsi qu’une baisse, également artificielle des cat A, B et C. (de l’ordre de 10 000, selon le ministère du travail ; pour lire l’article sur le chômage en juin, cliquer ici).
Une interrogation, cependant : le véritable succès de cette mesure dépendra d’une reprise d’emploi effective de ces chômeurs à la sortie de leur formation : une formation sans expérience professionnelle à suivre ne sert pas à grand’ chose.

Une prime à l’embauche dans les PME :
Une prime à l’embauche de 2000 € par an, renouvelable 1 an, pour les embauches d’au moins 6 mois et des salaires inférieurs à 1,3 SMIC dans les PME de moins de 250 salariés coûtera 1 milliard € par an.
Dans le passé, les primes à l’embauche avaient pour but d’atténuer la sélectivité du marché en donnant un avantage à certains publics défavorisés (jeunes sans emploi ni qualification, chômeurs de longue durée, …). Cette fois-ci l’absence de condition du public bénéficiaire revient à annuler toutes les cotisations patronales pour toute embauche pour les bas salaires.
A l’évidence, il y aura un effet d’aubaine, puisque les PME qui prévoyaient d’embaucher empocheront maintenant 2000€.

Les autres mesures :
- Le CICE va coûter 15 milliards € cette année et s’assimile à un allègement de charges pour les salaires entre 1 et 2,5 fois le SMIC. Cette mesure (dont on attend encore son effet sur les embauches), sera transformée en baisse des charges formelles en 2018.
- création de formations par apprentissage au rabais et en continu pour les « décrocheurs » du système scolaire. Ces ouvertures de formations, par-dessus la tête des Régions qui sont jusqu’à présent responsables de ce système de formation, représente un nouveau déni de la « décentralisation ». Il sera intéressant d’observer la réaction des Régions qui viennent de passer à droite, comme les Pays de la Loire…
- Les assouplissements des statuts d’autoentrepreneurs et de microentreprises peuvent donner un peu de marges de manœuvre à pas mal de jeunes. Mais le nombre d’emplois créés effectivement seront sans doute limités.

La logique de ces mesures :
Globalement, ces mesures sont dans la même logique que la politique gouvernementale depuis un ou deux ans : c’est une logique d’aide aux entreprises et de grignotage des droits sociaux ; c’est une logique uniquement en faveur de l’offre et en aucun cas tournée vers l’amélioration du niveau de vie des couches les plus défavorisées.
Or, quels sont les résultats de cette logique déjà à l’œuvre ?
Le CICE est un bon exemple (voir graphiques ci-contre) : les marges des entreprises ont nettement progressé (certains diront ont été rétablies), mais il ne s’est rien passé du côté de l’emploi ou de l’investissement. "Oui, mais on ne nous a pas assez donné d’aides et pas assez libérés des contraintes sociales et du droit du travail", disent les représentants du patronat. Et ils le diront toujours.
En fait, la réalité est plus simple : ils embaucheront et investiront lorsqu’ils auront la perspective de vendre plus, c’est-à-dire lorsqu’il y aura plus de demande.
Une politique de l’offre sans politique de la demande ne peut réussir que dans des circonstances particulières et exceptionnelles qui n’existent pas aujourd’hui.
Bien sûr, il n’est pas question d’augmenter la demande tous azimuts ; ce qui aurait pour résultat d’augmenter les importations et le déséquilibre de nos échanges internationaux. Mais une relance sélective est tout à fait possible. Par exemple, consacrer une partie des fonds destinés au CICE aux aides à l’isolation des logement anciens, à la construction de logements sociaux, aux économies d’énergie, à l’amélioration du système de santé par la prévention, au développement des aides sociales aux personnes en difficulté, (…) permettrait de provoquer une relance de la demande, un gain de pouvoir d’achat des plus pauvres, tout en créant des emplois non délocalisables et une diminution de nos importations en carburants.
Mais, malheureusement, cette relance sélective, on ne la voit pas venir, malgré les discours autour de la COP 21.

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