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Le chômage fin janvier 2014

mercredi 5 mars 2014, par Patrick Cotrel - -

Dernière minute : contradictions entre les statistiques
L’INSEE vient de publier des statistiques concernant le chômage fin 2013. Et elles semblent indiquer une baisse du chômage. Cela demande une précision car les chiffres de l’INSEE et ceux de Pôle Emploi ne désignent pas la même chose :
- les chiffres de Pôle Emploi donnent un comptage de l’ensemble des Demandeurs inscrits. Ils ont l’avantage d’être exhaustifs et de donner des précisions sur les profils des Demandeurs (âge, niveau de qualification, sexe, ancienneté de la demande, …). Point de fragilité : le système d’actualisation de la demande. Ainsi en août dernier, un problème sur les SMS de rappel sur la nécessité de « pointer » a entrainé une « diminution » du nombre des Demandeurs (rattrapée dès le mois suivant).
- les chiffres trimestriels de l’INSEE sont obtenus par sondage auprès de 100 000 personnes. Ils permettent de déterminer le taux de chômage = rapport entre le nombre de chômeurs et la population active. Mais attention ! Comme tout sondage, il a un taux d’incertitude de 0,1%...et nous sommes dans cette fourchette pour les chiffres annoncés.
Conclusion : le nombre de chômeurs augmente de moins en moins vite (et commence même à diminuer pour les jeunes) ; le taux de chômage se stabilise ; mais nous ne sommes pas encore parvenus à une «  inversion de la courbe du chômage » (qu’on a oublié de définir précisément).

Les chiffres de Pôle Emploi. Sur l’élan de l’échec de la promesse de François Hollande d’inverser la courbe du chômage fin 2013, les médias nous jouent l’air de la catastrophe qui continue.
Pourtant, si on examine calmement les chiffres, on peut constater que le chômage continue d’augmenter, mais un peu moins vite (voit courbe ci-dessous des évolutions sur un an).
Si on regarde les emplois d’intérim (souvent indicateur des tendances), on peut noter une hausse de 0,66% sur un mois et de 6,8% sur un an.
Et surtout, on peut constater que pour la première fois, le chômage des jeune (cat A, B et C) est en baisse sur un an (voir courbes ci-dessous).

Conclusion : le chômage continue d’augmenter, mais de moins en moins vite.

Quelles solutions au chômage ?

Dans son numéro de mars 2014, le mensuel « Alternatives économiques » passe en revue les bonnes et les moins bonnes solutions.
Pour les moins bonnes :
- baisser le coût du travail  : cela fait pas mal d’années que la France réduit les charges sociales pour les bas salaires. Le résultat pour les embauches n’est pas probant. Par contre, cela provoque une « trappe à bas salaires » et contribue grandement à diminuer la part des salariés sur la valeur ajoutée, au profit des revenus du capital (financier, en particulier) et freine la demande et contribue à ralentir l’activité.
- relancer les emplois aidés : c’est utile pour redonner une chance de réinsertion professionnelle aux personnes les plus éloignées de l’emploi, même s’ils sont couteux pour les finances de l’Etat. Mais leur efficacité à moyen terme dépend des mesures d’accompagnement, en particulier en matière de formation professionnelle. Et ce n’est pas une solution au chômage.
- mettre la pression sur les chômeurs : c’est inefficace quand il n’y a pas d’emplois.
- flexibilité du travail : la France est déjà un des pays européens où il est le plus facile de licencier : les licenciements économiques ne représentent que 2,6% des causes d’inscription à Pôle Emploi en déc. 2013 (« grâce », par exemple, aux ruptures conventionnelles).
- mettre les chômeurs à leur compte : les « auto-entrepreneurs » représentent en 2013 plus d’une entreprise crée sur deux. Mais seulement 7% d’entre elles ont eu un chiffre d’affaire annuel de plus de 7500€ et 20% de ces indépendants sont classés « travailleurs pauvres ». Comme le dit « Alter éco. », ce n’est pas en multipliant encore les baraques à frites qu’on risque de doter le pays des entreprises high-tech, innovantes et exportatrices qui lui manquent tant.
Les pistes à explorer :
- desserrer l’étau de l’austérité : réduire les dépenses publiques de l’Etat et des collectivités locales, par les réductions de dotations de fonctionnement (comme cela a été le cas sous Sarkozy puis sous Hollande), dans une période de ralentissement économique est une stratégie qui va à l’échec : les investissements publics diminuent (les collectivités locales donnent moins de travail au BTP) et cela alimente la baisse de l’activité économique et de l’emploi ; et par contrecoup les rentrées de l’Etat diminuent en creusant le déficit. A l’inverse, les USA ont injecté massivement des liquidités dans l’économie (sans vouloir à tout prix rétablir l’équilibre budgétaire), entrainant une reprise de l’activité et de l’emploi.
- réduire le temps de travail : le passage aux 35 h a permis de créer 350 000 emplois, même si les salaires ont stagné et les conditions de travail ont été parfois aggravées. mais du fait de l’augmentation continuelle de la productivité du travail, cette question de la réduction du temps de travail doit être posée de nouveau. Mais les formes de cette réduction peuvent être multiformes : développement de congés parentaux, de congés sabbatiques (ex 6 mois possibles après 5 ans d’ancienneté), de congés de formation, ...D’autres pays européens ont ouvert la voie.
- accélérer la conversion écologique : la facture énergétique de la France (importation de pétrole, de gaz et d’uranium) s’élève à 69 milliards € en 2012. développer les énergies renouvelables, c’est réduire ce déficit au profit d’emplois en France (1,4 millions d’emplois, si on fait un calcul grossier). Une étude de l’ADEME (agence gouvernementale) laisse entendre qu’on pourrait créer 330000 emplois en 2030 et 800000 emplois en 2050 si on prend le virage de la transition énergétique. Pour Négawatt, c’est 235000 emplois en 2020, une division par 16 de nos émissions de CO2 en 2050 et une sortie du nucléaire vers 2033.

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