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Le Monde selon Trump...
mercredi 17 septembre 2025, par - Energies - Climat - Développement Durable
« L’Economie politique » consacre son N° du troisième trimestre 2025 au début du nouveau mandat de Trump.
Sans vouloir faire un compte-rendu exhaustif de ces différents textes, la suite évoque quelques aspects importants.
Les 100 premiers jours de Trump…
Donald Trump a battu tous les records : 143 décrets en 100 jours. Ils ont l’intérêt de ne pas être débattus par les chambres parlementaires, et de montrer très rapidement ses orientations politiques : plus d’investissements de l’industrie dans les énergies verte, mais priorité au secteur pétro-gazier ; guerre commerciale contre les importations pour ramener les emplois aux USA ; chute de l’immigration et chute des impôts (avec les coupes budgétaires correspondantes).
Cette guerre éclair a provoqué un affolement des marchés financiers mondiaux, avec une envolée des taux de rendement des bons du trésor américain, ce qui renchérit le coût de la dette fédérale que Donald Trump cherche à réduire… D’où la décision de Trump de réduire provisoirement ces taux à +10 % pour tous les pays (sauf la Chine) pendant 90 jours, le temps de négocier.
En même temps, Trump a voulu réduire les dépenses de l’État de 2000 milliards de $ (20 % du budget fédéral !) pour financer son programme de baisse des impôts. Mais après avoir licencié les fonctionnaires fédéraux en période d’essai, ce sont des agences fédérales entières qui ont été supprimées : L’agence des USA pour un média global, dont Voice of America (1 200 emplois), L’Agence pour le développement international (4 800 emplois), l’Agence de protection de l’environnement (16 800 emplois), la moitié du département de l’éducation (4 200 emplois) et une bonne part de l’Administration de la sécurité sociale (58 400 emplois)…
Mais les économies ne sont pas suffisantes : les emplois ne représentent que 9,5 % des budgets. Et Trump a proposé au Congrès une réduction de 23 % touchant presque toutes les administrations (les transports, l’éducation, le logement, les services sociaux, les organisations scientifiques et environnementales)... Seul le budget de la défense, lui, augmenterait de 13 %.
Mais les prévisionnistes estimaient, compte tenu des ces réductions, que la dette des USA atteindrait 156 % du PIB en 2055. Ce qui a conduit D. Trump à émettre l’idée d’augmenter provisoirement les impôts des plus riches (création d’une tranche supplémentaire pour les revenus supérieurs à 2,5 millions de $ par an).
La référence de Trump : Stephen Miran
Stephen Miran est le chef du groupe des économistes chargé de conseiller Donald Trump. Il a d’ailleurs écrit une publication en Novembre 2024.
Selon lui, il est indispensable d’obtenir une dévaluation du dollar (qui représente un fardeau pour les USA) par la hausse des droits de douane, de façon à diminuer le déficit commercial des USA (actuellement de plus de 900 milliards de $) et attirer des entreprises qui voudraient éviter ces droits de douane.
Ainsi, D. Trump déclarait au cours de sa campagne : « sous [ma] direction, nous allons prendre les emplois des autres pays, nous allons prendre leurs usines, nous allons ramener des milliers et des milliers d’entreprises et des milliers de milliards de dollars de richesse dans notre bon vieux pays, les Etats-Unis ».
Mais, en même temps, il veut préserver le statut de monnaie de référence internationale du $ (ce qui semble contradictoire !). En décembre 2024, D. Trump déclarait : « Nous exigeons de ces pays qu’ils s’engagent à ne pas créer une nouvelle monnaie des BRICS [= Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud], ni à soutenir une autre monnaie pour remplacer le puissant dollar américain, faute de quoi, ils seront soumis à des droits de douane de 100 % et devront s’attendre à dire adieu à leurs ventes dans la merveilleuse économie américaine. »
Créer un « mur tarifaire mondial autour de la Chine »
Stefan Miran et D. Trump estiment que la plus grosse menace pour l’économie américaine, c’est la Chine. C’est pour cela que les importations chinoises vers les USA promettent d’être les plus taxées : annonce de 34 % dans un premier temps, puis 145 % lorsque la Chine a menacé de taxer également les importations des USA vers la Chine. Mais cela ne s’arrête pas là : les USA veulent que les autres pays mettent en place un « mur tarifaire mondial autour de la Chine », c’est à dire qu’il augmentent les droit de douane sur les importation chinoises … sous menace de ne plus pouvoir compter sur la protection du parapluie atomique américain.
Une nouvelle phase du capitalisme ?
Comme on le constate, on est bien loin de la « libre concurrence » qui va permettre l’innovation, le progrès, la baisse générale des coûts de production, l’existence illimité des ressources naturelles…
On est aujourd’hui confronté à un haut mélange d’économie, de politique et de militaire.
Arnaud Orain tente de « décrire l’émergence d’un « capitalisme de la finitude », c’est-à-dire un capitalisme conscient de la finitude des ressources naturelles et politiques, et qui ne s’embarrasse plus de promettre ni de croire en une mondialisation heureuse. Ce nouvel état est un conflit perpétuel où le commerce devient un jeu à somme nulle, visant l’appropriation maximale des richesses mondiales. Cela implique :
de contrôler les réseaux de transport de marchandises ;
de contrôler l’extraction des matières premières nécessaires au fonctionnement de l’économie ;
de contrôler les processus de production en les concentrant dans de gigantesques entreprises monopolistiques, qui acquièrent, de fait, un véritable souverain. » (Margaux Falise)
« Arnaud Orain identifie trois période de ‘capitalisme de la finitude’ : la périodes des grande découvertes et la colonisation d’un monde aux limites encore inconnues (XVIè – XVIIIè siècles) ; celle du boom démographique post-révolution, qui pousse les Etats européens vers la quête d’un « espace vital » (1880-1945) ; et, enfin, la nôtre à partir d’environ 2010.
L’histoire récente est faite de cycles, tantôt prédateurs, tantôt libéraux, mais certainement toujours capitalistes, dans la mesure où c’est la possession du capital qui donne un pouvoir de décision sur la production économique, et sur les décisions politiques. » (Margaux Falise)
« Les Etats Unis rejouent aujourd’hui le rôle d’une Europe colonisatrice qui, par le passé, s’est étendue frénétiquement par peur de manquer ou de perdre face à la concurrence, en abandonnant derrière elle les principes libéraux qui l’ont construite. » (idem)
Pour l’avenir, « Arnaud Orain estime qu’on ne dirige pas nécessairement ver une troisième guerre mondiale, mais vers un affrontement contenu entre blocs commerciaux alliés. » . Mais que se passera-t-il lorsque nous seront confrontés au manque d’eau, au manque d’espace, d’air respirable ou de terres émergées ? « Comment penser un nouveau capitalisme de la finitude lorsqu’on n’essaie pas de s’approprier une ressource limitée, mais de conserver un bien qui est en train de disparaître ? » (idem)
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