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Le GIEC lance une alerte rouge

vendredi 13 août 2021, par Patrick Cotrel - -

Dans un rapport publié en début de semaine, le GIEC lance un cri d’alarme sans précédent : un point de non retour est franchi et les objectifs de la COP 21 de Paris sont à revoir d’urgence.
Il a été rédigé par 234 scientifiques de 66 pays, à partir de l’analyse de plus de 14 000 études scientifiques. Ce premier volet sera complété par deux autres, sur la vulnérabilité de nos sociétés et sur les solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, qui paraîtront en février et mars 2022, avant une synthèse du 6e rapport prévue pour septembre 2022.

Le constat scientifique :
« ... les concentrations de dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre, ont atteint 410 parties par million (ppm) en 2019 – en hausse de 47 % depuis l’ère préindustrielle –, un niveau inégalé depuis au moins deux millions d’années. Celles de méthane (principalement émis par l’élevage, l’extraction du gaz et du pétrole ou la gestion des déchets) et de protoxyde d’azote (issu des engrais azotés) sont, elles, les plus élevées depuis au moins huit cent mille ans.  » (Le Monde)
Conséquence : « Sur les vingt dernières années, la température moyenne à la surface de la planète dépasse de 1°C celle de l’ère préindustrielle » (Libération). « Aggravant leur diagnostic, les experts estiment que le seuil de 1,5 °C de réchauffement, permettant de limiter les pires effets de la crise, sera atteint ou dépassé avant 2040 » (Le Monde)
Et après ? Cela dépend des décisions prises par les Etats très rapidement. Le GIEC évoque 4 scénarios. « ...avec le scénario très peu émetteur, qui implique une neutralité carbone en 2050, la température redescendrait à 1,4 °C en 2081-2100. Le dépassement du seuil de 2 °C aurait lieu au milieu du siècle dans les trois scénarios les plus émetteurs.  » (Le Monde).
Au rythme actuel de nos émissions nettes de gaz à effet de serre (sans augmentation), nous serons à +2,7°C en 2100, et à 4,4°C si les émissions continuent d’augmenter. (Libération)
Mais « chaque fraction de degré supplémentaire de réchauffement entraîne des augmentations clairement discernables de l’intensité et de la fréquence des extrêmes de chaleur, des fortes précipitations, ainsi que des sécheresses agricoles et écologiques dans certaines régions. » (cité par Libération)

Dans l’immédiat nous constatons déjà les conséquences :
Pour la première fois, les travaux du GIEC traitent des évènements météorologiques extrêmes que nous constatons tous les jours, et font le lien avec le dérèglement/réchauffement climatiques : ce réchauffement/dérèglement est déjà à l’œuvre et nous le vivons déjà à travers des records de chaleur enregistrés, des immenses incendies (Sibérie, Canada, Grèce, Kabylie, …), des trombes d’eau jamais vécues auparavant...
Le réchauffement/dérèglement climatique n’est plus une hypothèse probable, conséquences des activités humaines et des émissions de gaz à effet de serre. Il est maintenant sous nos yeux, et ce n’est qu’un début si nous n’en tirons pas les conséquences dans les plus brefs délais.
«  Inondations, dômes de chaleur, incendies...Il faut s’attendre à davantage de phénomènes extrêmes. Dans un monde à +2°C, ces épisodes deviendront annuels, alors qu’il y en avait tous les 100 ans, avant le boom industriel. Un extrait du rapport résume la gravité de lka crise : ‘’Maintenir les températures en-dessous de 1,5°C éviterait 255 000 décès prématurés et 26 millions de tonnes de pertes de récolte dans le monde.’’ » (Ouest-France)

Les coups déjà partis :
Même dans le scénario le plus optimiste (neutralité carbone au plus tard en 2050), nous savons déjà que certains phénomènes ne pourront pas être évités pour des centaines d’années.
- l’acidification des océans, qui va attaquer les coraux et réduira la capacité d’absorption du C02 de l’atmosphère. L’océan absorbe plus de CO2 en excédent et produit de l’acide par combinaison avec l’eau. « L’acidification de l’océan de surface n’avait jamais augmenté aussi vite depuis 26 000 ans » (cité par Ouest-France)
- la fonte des glaciers et des pôles : l’élévation des températures à la surface du globe n’est pas uniforme. Les augmentations plus hautes que la moyenne touchent particulièrement les pics de montagnes et les pôles. Par exemple, une hausse moyenne de +2°C pour l’ensemble du globe se traduit par +6°C au pôle Nord. L’océan Artique devrait être libre de glace au moins un fois par été, d’ici 2050, quelque soit le scénario d’émission. « Mais la différence entre les scénarios est très importante après 2050. Avec +1,5 ou +2°C on garde la banquise quasiment tous les étés d’ici la fin du siècle, alors que dans les autres scénarios, c’est peu probable.  » (cité par Libération).
- l’élévation du niveau de la mer. L’augmentation du volume de l’eau des mers est la conséquence de deux phénomènes : avec l’élévation de la température des océans, le volume augmente mécaniquement. Vient ensuite s’ajouter le volume du à la fonte des glaciers et des calottes polaires. Le rythme d’élévation du niveau de la mer augmente vite. « d’ici à 2100, le niveau s’élèvera de 0,32 à 0,62 mètre dans un scénario de faibles émissions de gaz à effet de serre. Et de 0,63 à 1,01 mètre » en cas de fortes émissions. (cité par Ouest-France)

Les menaces :
Hormis ces menaces chiffrées et mesurées, nous ne sommes pas à l’abri d’un emballement imprévu de la situation.
- la fonte du pergélisol : Dans un lointain passé (170 millions d’années), une énorme activité volcanique avait diffusé des poussières dans l’atmosphère, provoquant au bout de quelques milliers d’années une élévation de la température terrestre de +3°C. Cette élévation initiale a provoqué la fonte à grande échelle des sols gelés (pergélisol) contenant du méthane. Or le méthane a un pouvoir de réchauffement vingt huit fois supérieur au CO2. A l’époque, cela a provoqué une accélération du réchauffement jusqu’à +8°C … et l’extinction de 95 % des espèces vivantes sur la terre.
Sommes nous à l’abri d’un tel phénomène ? On tremble à l’idée que les sols gelés de Sibérie et du Nord Canada sont attaqués par des records de chaleur et d’immenses incendies...
- l’effondrement de la calotte glacière, une hausse à 2 mètres du niveau des mers ou des changements brusques des circulations océaniques sont peu probables, mais pas impossibles...

Conclusion :
Après la parution de cette étude du GIEC, le gouvernement français a publié un communiqué appelant tous les gouvernements à se mobiliser.
Alors que le Conseil d’État condamne ce même gouvernement pour pour « carences fautives » dans la lutte contre le réchauffement climatique, va-t-il enfin se décider à passer aux actes ???

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