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La centralisation de la Formation Professionnelle Continue par l’Etat : avec quels résultats ?

samedi 31 décembre 2022, par Patrick Cotrel - - - -

C’est décidément une habitude pour l’État macronien : recentraliser le maximum de leviers et ne laisser que peu de marges de manœuvre au ‘terrain’, en particulier aux collectivités locales ou aux syndicats, …
C’est exactement ce qui se passe pour l’Assurance Chômage qui, jusqu’à présent était gérée par les partenaires sociaux. Aujourd’hui, ils sont à peine informés du contenu des réformes que l’État décide de mettre en place…
Pour la formation professionnelle et l’apprentissage, cette recentralisation est également en marche.

L’apprentissage :

Pour l’apprentissage, les régions avaient développé une vision complémentaire entre lycées pro et Apprentissage ; mais aussi une large concertation avec les branches professionnelles pour bien cibler les besoins des différentes zones d‘emploi, avec des objectifs prioritaires communs : introduire de la souplesse dans des parcours individualisés pour chaque jeune et viser à la qualité des apprentissages pratiques et théoriques, par exemple par la formation pédagogique des tuteurs en entreprises, …
Alors que de nombreuses régions avaient investit des moyens humains et des compétences, l’État a repris en main tout ce secteurs, pour mettre en place une concertation nationale avec les branches professionnelles et une mise en concurrence des CFA pour l’attribution des agréments (avec le financement correspondant), sans prise en compte de l’individualisation des parcours, de la qualité des formations, des besoins du tissu économique local, …
Mais, le résultat est là : le nombre d’apprentis augmente, ce qui permet d’augmenter la population active et de diminuer le taux de chômage (les apprentis ont un contrat de travail et sont donc comptabilisés comme étant en activité).

La formation Professionnelle continue :

Le rôle passé des régions :
Sur la base de ses compétences en matière de formation professionnelle des Demandeurs d’Emploi et de pilote de l’apprentissage, la Région Pays de la Loire, et de nombreuses autres régions, ont acquis une expertise et un poids dans ce domaine.
Nous avons réussi à faire partager avec de nombreuses branches professionnelles (et des interco) des objectifs communs aux grands acheteurs de formation (ASSEDIC, employeurs, Région) :
- Agir sur la qualité des formations, en incitant à ce que chaque action de formation débouche sur l’obtention d’un Certificat de Formation Professionnelle (= partie d’une qualification complète) reconnue par les partenaires sociaux ;
- Agir pour la mise en place d’un réseau de Conseil en évolution professionnelle gratuit pour tous et permettant de mieux s’orienter dans le monde de la formation professionnelle assez complexe ;
- Par ex : convergence à accorder la priorité à la formation des publics les moins formés (et donc, les plus fragiles en cas de problème économique). Dans ce sens, des actions communes ont eu lieu avec le MEDEF régional pour lutter contre l’illettrisme.
- Par ex : l’importance de maintenir certaines formations, mêmes coûteuse, pour ne pas mettre en difficulté les branches d’activité correspondantes …

La recentralisation :
L’État a donc repris en mains directement tous ces secteurs de la formation professionnelle continue.
Comment et avec quels résultats ???
La réforme a eu lieu dans une logique libérale intégrale : le salarié connaît ses droits (en argent) et doit être mis en situation d’acheter des formations auprès d’organismes offreurs de formation, dans le cadre d’une concurrence avec les autres organismes concurrents.
- Pour cela, l’État a institué la traduction des droits individuels à la formation en somme d’argent (plutôt qu’en durées de formation). C’est vrai que les coûts de formation varient beaucoup en fonction du matériel à mettre en œuvre. Mais précédemment, il y avait des négociations de terrain entre partenaires pour définir des équivalences. Négociations qui n’ont plus lieu…
- l’État a mis en place un serveur national des offres de formation professionnelle continue. Ainsi, le salarié peut directement faire son choix, sans conseil ni médiation…
Résultat : Les salariés ont été harcelés par téléphone par les organismes de formation pour enregistrer leur Compte Individuel de Formation (DIF), assortis d’offres alléchantes… qui ont donné lieu à des fraudes massives.
Devant cet échec de la méthode ultra-libérale, qu’a décidé le gouvernement ?
Obliger les salariés à financer individuellement une partie des frais de formation, qui étaient initialement intégralement pris en charge par de DIF.
On en arrive donc à une remise en cause complète de droits sociaux acquis : ce sont en effet les moins qualifiés (avec les plus faibles salaires), qui ont le plus besoin de cette FPC, mais qui pourront le moins y accéder, maintenant.

Au nom de son dogmatisme libéral, ce gouvernement en arrive à interdire la Formation Professionnelle à celles et ceux qui en ont le plus besoin !!!

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