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L’obstination pro-nucléaire de E. Macron

jeudi 14 juillet 2022, par Patrick Cotrel - -

Sans tapage (ni débat), mais avec obstination, E Macron renforce son action politique en faveur du développement du nucléaire.
Plusieurs actes récents (mais peu commentés) le confirment.

Le stockage des déchets nucléaires :

Les différent gouvernements qui se sont succédé ont pour projet d’enfouir ces déchets hautement dangereux (pour des milliers d’années) à 500 mètres sous terre à Bure (Lorraine). Beau cadeau pour les générations à venir, ce projet a fait l’objet de nombreuses contestations et d’une enquête publique… qui a donné le résultat escompté (=oui).
Trois jours après la prise de fonction du gouvernement, plusieurs ministres ont signé deux décrets rendant d’ « utilité publique » et d’« intérêt national » le projet de centre de stockage en couche géologique profonde de déchets radioactifs Cigéo à Bure, allant à l’encontre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.
Vite fait, bien fait, sans bruit !

Le nucléaire, énergie de ‘transition’ ?

Dans un article récent, j’écrivais :
« Il y a quelques mois, la Commission Européenne (sous la présidence de notre Président français, spécialiste des beaux discours sur la transition énergétique) a élaboré un projet de règlement permettant de faire financer par l’Europe des projets d’investissements dans les domaines du gaz et du nucléaire (dans la mesure où ils permettraient d’éviter des énergies issues du charbon - plus polluant).
En fait, ce projet a été l’occasion d’une alliance entre la Hongrie, la Pologne (peu regardant sur les règles de l’État de droit, mais attachés à l’utilisation du gaz russe…), et … la France, qui défendait son nucléaire national (échec industriel et financier…et pour la santé et la sécurité : les piscines contenant les déchets radioactifs pour des milliers d’années des centrales sont en train de déborder...).
Mais heureusement, le 14 juin, les Commission « Environnement et Affaires Economiques » et « Environnement » du parlement européen ont examiné de près ce projet. Et elle se sont déclarées CONTRE (76 contre et 62 pour), en dénonçant cette tentative de « légalisation du greenwashing ».
Bien entendu, l’affaire n’est pas jouée, car l’action des lobbys et des intérêts nationaux va faire rage, en attendant le vote en plénière du parlement européen, début juillet. »

Pour relire cet article, cliquer ici.
Et cette crainte s’est confirmée : le parlement européen en plénière a rejeté l’exclusion du gaz et du nucléaire comme énergies de transition (pouvant recevoir des aides financières) par 328 voix contre 278.
Le groupe Vert Européen a publié un communiqué qui précise : "« C’est le résultat d’une opération anti-écologique menée par la France : pour sauver une filière nucléaire en perdition, le président Macron a conclu un pacte faustien avec les pays pro-gaz. Car le nucléaire n’avait pas de majorité sans le gaz, et le gaz n’avait pas de majorité sans le nucléaire. C’est une alliance anti-écologique qui a gagné aujourd’hui.
C’est, hélas, l’occasion de constater, une fois de plus, que libéraux, conservateurs et nationalistes sont des adversaires résolus du climat et des générations futures.
Nous avons besoin d’investir massivement et urgemment dans les énergies renouvelables et dans l’efficacité énergétique. La sortie des énergies fossiles est une priorité absolue pour endiguer le changement climatique. Pendant ce temps-là, le nucléaire, une source d’énergie dangereuse et inadaptée au dérèglement climatique, engloutit des milliards d’euros, alors qu’il ne produira pas à temps l’énergie dont nous avons besoin et qu’il nous laisse sur les bras des déchets dont nous ne savons que faire.
En permettant la labélisation du gaz comme énergie durable, la Commission renforce notre dépendance énergétique et condamne l’Union européenne à continuer de financer la guerre que Poutine mène en Ukraine. Selon Greenpeace, ce sont 4 milliards d’euros par an qui iront à la Russie de Poutine, via de nouveaux projets gaziers, pour un total de 32 milliards d’euros d’ici 2030 et cela sans même compter le gaz et le pétrole que nous lui achetons toujours. Par ailleurs, la Russie exporte aussi sa technologie et du combustible nucléaire vers l’Union européenne, réduisant encore un peu plus notre indépendance énergétique.
Les gouvernements autrichien et luxembourgeois ont annoncé qu’ils déposeront une plainte auprès de la Cour de justice de l’Union européenne, puisque cet acte délégué ne correspond pas aux critères annoncés dans le règlement sur la taxonomie. Le combat continue. »
Précisions sur le vote des députés français :

2 Députés LFI ont voté Pour (M. Aubry et Y. Omarjee), un s’est abstenu (E. Maurel) et 3 étaient absents.
Les ‘En Marche’ ont voté CONTRE (dont Nathalie Loiseau et Pascal Canfin), soit 21 contre et un absent. Seuls Catherine Chabaud et Pascal Durand ont voté POUR.
Les 8 député.e.s de droite ont voté CONTRE (dont FX Bellamy, B. Hortefeux et N. Morano).
L’ensemble des 14 député.e.s d’extrême droite présents a voté CONTRE, sauf F. Pirbacas qui s’est abstenu (8 absents).

L’État au secours d’EDF

L’État français aura bien besoin de l’Europe, car le nucléaire est un gouffre !
L’État a déjà renfloué EDF, par exemple pour indemniser la Finlande (1 milliard €), suite au retard accumulé dans la construction de l’EPR finlandais. Mais aussi pour faire face au coût de l’EPR de Flamanville, passé d’un coût initialement prévu à 3,5 milliards€, mais qui va atteindre les 20 milliards€, alors qu’elle ne fonctionne toujours pas… Bref, la dette d’EDF se monte à 60 milliards € !
A cela, il faut ajouter le coût du projet d’un nouveau type de centrale nucléaire affiché par E. Macron, … mais qui ne sera pas opérationnel avant 10 ans minimum.
A cette équation impossible, E. Macron répond par la nationalisation d’EDF ! Ainsi, il pourra renflouer les caisses d’EDF et financer l’énorme investissement qu’il annonce dans le nucléaire.
Mais, bien entendu, cela ne résout pas deux contradictions majeures :
- c’est dès maintenant, et pas dans 10 ans, qu’il faut être capable de nous passer du gaz et du pétrole russes et de cesser de donner à Poutine 20 milliards€ chaque mois !
- c’est dès maintenant qu’il faut diviser par 2 nos émissions de Gaz à Effet de Serre pour respecter nos engagements pris lors de la COP 21 de Paris et obtenir une neutralité carbone en 2050.
Et pour y arriver, il ne suffit pas de prononcer un Nième beau discours sur la sobriété en matière d’énergie.

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