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Chômage et emploi fin janvier 2020

lundi 23 mars 2020, par Patrick Cotrel - -

On pourrait considérer cette interrogation inutile dans les circonstances actuelles de crise sanitaire, puisque la situation économique mondiale – et donc de l’emploi- va être bouleversée.
Pourtant, examiner les évolutions et les tendances au cours de l’année écoulée et, surtout, prendre date de la situation actuelle comme point de référence par rapport aux évolutions à venir me paraît utile. Et cela permet de réfléchir aux points de vigilance pour l’après crise...

Quelques améliorations au dernier trimestre 2019 :
- Les chiffres de Pôle Emploi montrent une diminution du nombre de chômeurs de cat. A de l’ordre de 150 000 en un an. Par contre, le nombre e chômeurs de cat. B et C n’a pas bougé. Donc mécaniquement, les A, B et C ont diminué de 150 000.
- Pour les chômeur de longue durée, on note une baisse de l’ordre de 100 000, sachant que le nombre des chômeurs de très longue durée (plus de 3 ans) a continué d’augmenter (+36 000).
- Autrement dit, les chômeurs les plus précaires n’ont pas ou peu profité de cette amélioration : le nombre des chômeurs de plus de 50 ans n’a que très légèrement diminué (-9 000 sur 1,4 million en un an).
- Le cumul des sorties du chômage pour reprise d’emploi sur un an a un peu augmenté par rapport à l’année précédente (+66 000). Par contre, le cumul des offres d’emploi recueillies par Pôle Emploi sur un an a légèrement diminué par rapport à l’année précédente (-50 000).

Les statistiques de l’INSEE :
Comme nous l’avons vu à de nombreuses reprises, il est impossible de comparer le nombre de chômeurs recensés par Pôle Emploi aux résultats des sondages effectués chaque trimestre par l’INSEE : les définitions et les modes de calcul sont trop éloignés.Il faut donc seulement vérifier que les tendances sont les mêmes, et sinon pourquoi.
Le taux de chômage est le pourcentage de chômeurs par rapport au total de la population active. Il est en baisse constante depuis l’été 2015. C’est la cas depuis 1 an, (comme le nombre de chômeurs de cat. A de Pôle Emploi).
Mais parallèlement l’INSEE, consciente de la définition restreinte du chômage, a créé la notion de "halo autour du chômage". Et ce "halo" augmente régulièrement, en particulier depuis 1 an (voir courbe). Pas de doute qu’on y retrouve par exemple les chômeurs de plus de 3 ans, ...

Mais l’INSEE donne aussi des indications sur l’évolution de la population active et sur le type de contrats des personnes en emploi.

On constate que le taux d’activité a peu bougé au cours de ces années (en particulier sur un an). Cela veut dire qu’on a remis au travail 0,4 % de la population qui était au chômage. Mais on n’a pas du tout mordu sur les non actifs, en particulier les populations exclues ou découragées par un long chômage.
Regardons maintenant les types de contrats concernés par cette augmentation du nombre de personnes en activité.

Il est frappant de constater que dans la dernière année (2018T4 à 2019T4), le taux d’emploi en CDI n’a pas augmenté, pas plus que les CDD et l’intérim. L’augmentation du taux d’emploi total provient exclusivement de l’augmentation des ‘autres contrats’, c’est à dire des travailleurs indépendants, commerçants et surtout des autoentrepreneurs.
Cela semble expliquer, d’ailleurs, pourquoi le nombre de chômeurs de cat.A de P.E. a diminué, pourquoi les soties du chômage ont augmenté, mais que les offres d’emploi déposées à P.E. ont diminué au cours de 2019 : personne ne dépose des offres d’autoentrepreneurs !
Les syndicats patronaux et le gouvernement ont beau se gargariser sur les centaines de milliers d’emplois créés, la réalité semble bien indiquer :
- que la progression de l’emploi a surtout consisté à créer des emplois d’indépendants et autoentrepreneurs, c’est-à-dire des emplois très précaires et sous-payés (alors que dans la période précédente, c’est surtout des CDD courts et l’intérim qui se sont développés) ;
- que cette diminution apparente du chômage n’a absolument pas concerné les populations découragées ou en voie d’exclusion.

Aujourd’hui, les publics exclus de la sphère du travail ou menacés de l’être sont les plus menacés par la crise sanitaire ; mais aussi les indépendants et autoentrepreneurs, qui ne peuvent pas se raccrocher au chômage partiel indemnisé.
Demain, il faudra exiger une politique économique plus inclusive pour tous, avec des statuts moins précaires. Il faudra aussi, bien sûr, exiger que les services publics, en particulier celui de la santé, ne soient plus soumis à la logique du libéralisme économique.

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