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Bilan de la COP 21

par Ronan Dantec, Sénateur EELV du 44

jeudi 17 décembre 2015, par Patrick Cotrel - -

Article publié par "Libé" le 14 déc. Où il estime "au final, que cet accord est potentiellement porteur d’une dynamique dont il faut nous saisir(…)", même s’il comporte des "lacunes, comme par exemple l’absence de toute référence aux transports aériens ou maritimes... Les lobbys n’ont pas disparu par miracle !"

« Un accord contraignant et à vocation universelle est déjà un véritable succès »
Evaluer un texte d’accord mondial sur le climat n’est jamais aisé, tant les phrases sont parfois ambiguës ou les objectifs évasifs, l’ensemble étant le fruit d’un compromis complexe entre intérêts nationaux contradictoires, lectures géopolitiques antagonistes. Mais à un moment, il faut savoir trancher : l’accord va-t-il dans le bon sens, ou au contraire, nous éloigne-t-il de l’impérieuse nécessité de stabiliser largement sous les 2°C la montée des températures ? Ma réponse est claire : oui cet accord de Paris est un réel progrès, sur lequel nous devons appuyer nos dynamiques d’action. Pour 5 raisons.
1. L’affichage d’un consensus international
On peut parfois ironiser sur l’intérêt de ces grandes messes mondiales et de la déclaration qui s’ensuit. Mais pour ceux qui doutent de leur utilité, il suffit de voir l’énergie déployée par certaines délégations pour enlever des objectifs et des mots symboliques pour se douter qu’elles portent quand même un véritable enjeu. Aboutir à un accord contraignant et à vocation universelle est déjà un véritable succès, qui dit au monde la nécessité absolue de lutter contre le changement climatique. C’est une défaite pour tous les lobbys, notamment ceux des énergies fossiles, qui tentent depuis des décennies de ralentir toute transition énergétique.
2. Des objectifs ambitieux
En reconnaissant la nécessité de renforcer l’effort pour limiter l’augmentation des températures sous les 1,5°C, les 196 parties renforcent l’ambition, et surtout soulignent l’urgence de l’action. Tenir cet objectif est un défi très difficile au vu des trajectoires, mais il est désormais inscrit dans les objectifs de la communauté internationale et il faut noter que les décisions de la COP comprennent la demande d’un rapport spécial du Giec sur les enjeux du 1,5°C, ce qui renforce la prise de position.
3. Des mécanismes de révision assez rapides
Nous savons que les contributions volontaires des Etats sont insuffisantes et nous placent sur une trajectoire insupportable vers les 3°C d’augmentation. Aussi, la rapidité des révisions est essentielle pour l’avenir. Dès 2018, les parties devront refaire le point sur leurs contributions (s’appliquant à partir de 2020), et en 2023, un état des lieux plus complet. Avec les actions engagées dès 2015 (Workstream 2), c’est bien à une généralisation des actions concrètes que doit aboutir l’accord.
4. Un travail étroit avec les acteurs non-étatiques
Pour engager le monde sur une trajectoire compatible avec le 1,5°C / 2°C, la période entre 2015 et 2020 est essentielle. Dans l’accord de Paris, un chapitre complet et très opérationnel est consacré à ce sujet, avec des travaux d’expertise intégrant l’expérience des acteurs non-étatiques, et le renforcement du Lima Paris Action Agenda, l’agenda des solutions porté par les collectivités territoriales, les entreprises, les associations. La COP21 aura été la vitrine des dynamiques concrètes, elles sont enfin reconnues par les parties dans le texte officiel, c’est un point essentiel.
5. Un lien climat et développement
Le lien entre les objectifs de développement durable (adoptés en septembre à New York) et l’accord de Paris sur le climat est évident mais a tardé à être confirmé. L’accès à l’énergie pour les pays en développement à travers le déploiement des énergies renouvelables, les 100 milliards de dollars annuels de soutien au sud pour l’accompagner sur le défi climatique (atténuation et adaptation), une première intégration de la question des « pertes et dommages » pour les pays les plus vulnérables sont des paragraphes clés du texte, des victoires importantes. Cette convergence des agendas climat et développement devra encore être crédibilisée par des mécanismes concrets. Elle trace cependant un nouvel horizon de la communauté internationale, pour un monde déclinant, du local au global, coopération et solidarité.

Pour lire l’intervention que Ronan a prononcée samedi soir en clôture de la COP 21, cliquer ici.
Pour retrouver son analyse quotidienne de la COP en vidéos, cliquer ici.
Pour lire aussi l’analyse de « Libé. », cliquer ici, et la réaction de Kumi Naidoo, directeur exécutif international de Greenpeace, cliquer ici

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