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A propos de la gestion économique et financière de l’Europe

dimanche 11 mai 2014, par Patrick Cotrel - - -

L’Europe : une réalité incontournable :

Qui peut penser que face au crash financier international, chacun des pays européens s’en serait mieux tiré tout seul ? Comment penser que l’économie française exporterait mieux ses produits sans l’Europe, alors que la majeure partie des exportations françaises vont vers les autres pays européens ? Comment imaginer que notre modèle de société, fondé sur les solidarités sociales, sur les exigences environnementales, sur l’innovation et la performance, pourrait s’imposer au niveau international sans l’Europe ?
La réponse à ces questions est évidente ; et nous n’avons pas d’autre choix raisonnable que de miser sur une réorientation des politiques, des structures et du projet européens.

Des progrès dans la gestion financière :

Face à la crise financière internationale, l’Europe a su éviter le pire (pas sans douleur !) :
- les pays en difficulté ont finalement reçu une aide financière leur permettant d’éviter la faillite ;
- malgré les attaques spéculatives, l’Europe a réussi à maintenir la stabilité de la monnaie et d’imposer des taux d’intérêts bas, y compris pour les emprunts des pays en danger, des progrès ont été réalisés en matière de contrôle des banques (sans doute trop timides, mais réels) et pour la transparence des transactions financières (même si on doit avant tout remercier Barak Obama qui a imposé cette transparence à la Suisse, au Luxembourg ou l’Autriche, sous menace d’interdiction des banques de ces pays aux USA) ;

Une politique économique contre-productive :

Face à la crise, cette politique monétaire européenne s’est accompagnée d’un dogme d’austérité à l’encontre des plus pauvres et des classes moyennes.
Le résultat, c’est une réduction des consommations intérieures provoquant un frein des activités économique, de l’emploi et des rentrées pour les Etats qui ne parviennent pas à se désendetter. (voir graphique de l’évolution des demandes intérieures ci-dessous).
"Ces politiques ont abouti à un résultat absurde : en 2013, la zone euro a dégagé 270 milliards € d’excédents extérieurs, soit l’équivalent de 2,7% de son PIB (produit Intérieur Brut). Autrement dit, on aurait pu l’an dernier consommer et investir (notamment dans la transition énergétique) à hauteur de 270 milliards € en plus dans la zone euro sans avoir à quémander le moindre financement auprès de la Chine ou du Qatar. De quoi créer 1,2 millions d’emplois au lieu d’en perdre autant. Le comble, c’est que ces politiques n’ont même pas permis d’engager le désendettement public censé être la priorité des priorités : à l’automne 2013, l’endettement de la zone euro avait encore augmenté de 3,4 points de PIB en un an." (Note 1)

La France prise au piège :

La France est aujourd’hui soumise à une forte pression de la part des autres pays européens (en particulier de l’Allemagne, mais aussi les autres pays qui ont déjà mis en œuvre de dures politiques d’austérité) pour :
- faire descendre le déficit de l’Etat français à 3% du PIB ;
- mettre en œuvre une politique d’austérité.
C’est la raison pour laquelle le gouvernement français n’a pas demandé un nouveau délai pour l’atteinte des 3%.
Mais la politique que le gouvernement français met en place représente un pari risqué. En effet la politique de rigueur en direction des couches pauvres et moyennes de la population va provoquer un ralentissement de la demande intérieure. On parie donc tout sur la baisse des charges des entreprises pour qu’elles compensent cette baisse de la demande intérieure par des prises de positions nouvelles à l’exportation (alors que la tentation sera grande d’augmenter les marges et les dividendes…). Si tel n’était pas le cas, les rentrées de l’Etat seraient minorées et c’est le seuil des 3% qui ne serait pas atteint.

Et de toutes manières, il est probable que cette politique aura assez peu d’effets sur le développement de l’emploi. (voir graphique publié par "Alternatives économiques" ci-contre).

On le voit, la voie choisie par le Président et le gouvernement est très étroite et laisse peu de place à une transition écologique et énergétique qui permettrait de diminuer les coûts de fonctionnement pour les ménages, comme pour l’Etat et les entreprises, de diminuer notre dépendance énergétique aux importations pétrolières (et d’uranium) et de créer des emplois.
On pourrait aussi espérer qu’une nouvelle majorité au parlement européen puisse promouvoir une telle politique à l’échelle de l’Europe… d’où l’importance des élections du 25 mai…

Note 1  : Voir le N° de mai 2014 de « Alternatives économiques » et son dossier sur l’Europe.

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